Agriculteur depuis ses 17 ans, Marc-Antoine Dumoulin a repris la ferme de son père. « Je suis né là-dedans, et j’y resterai, c’est certain. C’est une passion qui se transmet », exprime le jeune homme, concentré, au volant de son arracheuse de betteraves. Mais c’est seulement en 2020 qu’il s’intéresse par hasard au géant des réseaux sociaux, Tik-Tok. Il y publie ses premières vidéos, et y prend vite goût. À partir de courts formats d’environ 1 minute 30, il s’est mis en scène, de façon parfois humoristique, d’autres fois pour répondre à des théories qu’il juge fausses, sur l’agriculture, mais surtout pour vulgariser son métier. La magie opère, le jeune homme cumule désormais près de 395 000 abonnés sur Tik-Tok, mais aussi plus de 30 000 vues sur Youtube. Il multiplie les partenariats auprès de grands groupes, tels que le Crédit Agricole, la MSA, des marques de machines comme la nouvelle Claas Lexion 2023. « Je réalise environ 4 à 5 partenariats par mois. Je sélectionne les personnes avec qui je souhaite collaborer par conviction, il faut que ça me ressemble », déclare-t-il. Équipé, le jeune homme travaille seul, avec un drone, une GoPro, et son téléphone.
Un agricoolteur aux mille et un métier
Pour autant, ce betteravier de l’Aisne ne veut pas être vu comme un influenceur. « La vie ce n’est pas Tik-Tok », reconnaît-il. En pleine saison d’arrachage de betteraves, le jeune homme est vissé à sa machine de 7h du matin à parfois 22h, naviguant de champ en champ. « J’ai fait le choix de ne pas avoir mon propre matériel. Je loue du matériel auprès d’une ETA pour ma ferme et je mets également ma main d’œuvre à disposition. Chacun y trouve son compte », explique Marc-Antoine Dumoulin, toujours avec le sourire. En plus de ce double emploi et de ses réseaux sociaux, le betteravier vient de sortir un jeu de société, « La boîte à quiz Agricoolteur », aux éditions Marabout, sur le monde agricole. Il a rédigé 500 questions, dans le but de donner envie aux jeunes de faire ce métier. Avec presque dix ans de métier, Marc-Antoine Dumoulin a de l’expérience : « j’ai déjà traversé pas mal d’épreuves, je connais les difficultés et les forces du métier. Je suis déjà intervenu dans des lycées agricoles, pour montrer que l’agriculture a de l’avenir, mais aussi alerter sur l’usage des réseaux sociaux », explique-t-il.
Valoriser une passion commune
« J’explique aux jeunes que c’est un métier où l’on ne s’ennuie pas. On se remet souvent en question et on en apprend tous les jours », reconnaît le jeune homme, en vérifiant son GPS. Que ce soit via ses réseaux sociaux, en partenariat ou lors d’interventions publiques, Marc-Antoine Dumoulin conserve un discours cohérent sur les difficultés du métier mais aussi sur ses bénéfices. « Ce qui tient le monde agricole en France, c’est la passion », revendique-t-il. Hors de question de laisser des personnes étrangères au milieu définir ce qu’est l’agriculture. Parfois pour vulgariser certains aspects de son métier, mais aussi pour déconstruire des théories sur l’image véhiculée des agriculteurs, il n’hésite pas à prendre la parole sur ses réseaux sociaux. « L’agriculture de demain arrive. Il va y avoir du turn-over. Les anciens ont une étiquette d’agriculteurs isolés, aujourd’hui ça se modernise », reconnaît-il. Grâce à sa notoriété et ses multiples casquettes, Marc-Antoine Dumoulin démontre que le monde agricole a encore un bel avenir devant lui, toutes générations confondues !
> Pour les votes, à lire aussi : Jacques Fauvel, payé pour « piéger » les nitrates