Be Api, une filiale du groupe In Vivo, a profité de son cinquième anniversaire pour rappeler l’intérêt économique et écologique de l’agriculture de précision. Cette démarche repose avant tout sur l’hétérogénéité intra-parcellaire. Thierry Darbin, le directeur de be Api, a d’ailleurs rappelé que les parcelles homogènes n’ont rien à attendre de cette technique. Le concept consiste à apporter la bonne dose d’intrant au bon endroit pour maximiser le rendement de chaque zone, en évitant tout gâchis : produire plus, économiser des intrants, limiter la pollution.
Les solutions proposées reposent sur deux diagnostics. Le premier consiste à découper la parcelle en petites zones homogènes grâce à l’analyse de photos aériennes historiques (IGN), puis à réaliser une analyse de sol dans chacune de ces zones. Ce diagnostic, dit de fertilité, permet de moduler les apports en engrais de fond. Il est à réaliser tous les dix ans.
Le deuxième diagnostic, dit de potentiel, consiste à mesurer la conductivité du sol, puis à y creuser des fosses pédologiques afin de déterminer le potentiel de production et la réserve utile. Ce diagnostic permet de moduler les apports d’azote, les applications de fongicide, la densité de semis et le volume d’irrigation. Il est à réaliser une fois pour toutes car les caractéristiques de sol et la réserve utile n’évoluent pas, ou presque pas. Pour le dernier apport d’azote, la carte de potentiel ainsi obtenue est couplée à une carte de biomasse établie à partir des images satellites sentinelles, afin d’affiner les besoins de la culture.
Une solution à visée économique et écologique
L’optimisation de l’apport d’azote (comme des autres intrants) peut entraîner des économies intéressantes, particulièrement en ce moment. Mais il faut aussi noter l’intérêt de cette approche en matière de rejet de gaz à effet de serre. D’une part, cette technique permet, en fonction des habitudes de l’agriculteur, de diminuer la quantité totale d’engrais apportée et donc les émissions de CO2 liées à sa fabrication et son transport. D’autre part, la suppression de la sur-fertilisation diminue le lessivage de l’azote en nitrate et sa volatilisation sous forme de protoxyde d’azote. C’est pour cela que Thierry Darbin qualifie son approche d’agroécologie de précision. Parallèlement, la modulation des apports de phosphore et de potasse limite leur coût, permet à la culture de ne pas souffrir de carence, et préserve cette ressource dont les gisements sont limités.
Pour la réalisation d’un des deux diagnostics, il faut compter 12 € / ha. Pour une prise en charge intégrale, ce sera plutôt de l’ordre de 18 € / ha. Ce coût a été subventionné à 20 % par FranceAgriMer en 2022. À cela, il faut bien sûr ajouter la prestation de conseil délivrée par la coopérative de l’agriculteur (de 7 €/ha pour la modulation de la fertilisation de fond et de 10 €/ha avec l’azote en plus), et le surcoût lié à l’équipement nécessaire en matériel agricole (épandeur à engrais, semoir, pulvérisateur, pivot d’irrigation).
D’autres sociétés sont présentes sur le créneau de l’agriculture de précision mais, selon be Api, aucune ne module l’ensemble des intrants et ne couple l’analyse du sol à l’analyse de la biomasse.