PICARDIE : un bon contrôle de la jaunisse

La présence importante de pucerons verts (Myzus persicae) caractérise le printemps 2022 dans l’Aisne. La pression de pucerons verts est moins importante dans la Somme.

Les premiers Myzus percicae ont ainsi été observés dès la fin avril, en Picardie, sur les parcelles sans protection néonicotinoïde (NNI).
Le premier aphicide a été nécessaire dès le 5 mai. Il est suivi d’un conseil pour un second aphicide le 19 mai et, pour 30 % de ces parcelles, d’une dernière application le 31 mai.

Forte pression de pucerons noirs

La forte présence d’Aphis fabae favorise la présence d’auxiliaires qui permettront une gestion des populations de pucerons jusqu’à la couverture des betteraves.

Les parcelles protégées aux néonicotinoïdes (NNI), ou « F8 » relayé par 3 applications d’aphicides, ont permis un parfait contrôle de la jaunisse. Lors de son enquête estivale, l’ITB a observé 12 % de parcelles avec des traces de jaunisse (< à 1 % de la surface) et 3 % de parcelles avec 1 à 5 % de surface jaune. Les parcelles impactées par la jaunisse avec au moins 10 % de leur surface touchée représentent 0,4 % des parcelles observées dans l’Aisne.

La gravité moyenne est de 1,67 % sur les parcelles sans protection de semences touchées de la Somme et l’Oise.

Fin septembre, 75 % des parcelles protégées par les NNI étaient indemnes de jaunisse.

Ce contrôle de la jaunisse s’explique par une bonne efficacité des différents relais aphicides en végétation, facilitée par :

– Une bonne implantation des betteraves, avec des levées homogènes (sans doubles levées) et rapides.

– Une arrivée plus tardive et lente des pucerons verts qu’en 2020. Les Myzus persicae se sont installés lentement début mai sur des betteraves déjà au stade 4 feuilles vraies.

NORMANDIE / VAL D’OISE : la jaunisse maîtrisée

Le contrôle de la jaunisse est globalement satisfaisant dans la région, les traitements de semences à base de NNI ayant permis une bonne maîtrise de la jaunisse. Une enquête réalisée au mois de septembre, sur plus de 400 parcelles, met en évidence une gravité (surface touchée par la jaunisse) moyenne variant entre 0,3 et 4 % selon les secteurs. La maladie s’est peu développée, grâce à une présence tardive au printemps des pucerons verts, les pucerons noirs étant les plus fréquents.

Toutefois, sur les betteraves sans néonicotinoïdes (NNI), certaines parcelles présentent jusqu’à 70 % de jaunisse. Ces échecs s’expliquent très souvent par une protection mal adaptée (positionnement et nombre d’aphicides) et, dans certains cas, par l’absence de moyen de lutte.

Le département de la Seine-Maritime est plus touché par la jaunisse que le département de l’Eure.

NORD – PAS-DE-CALAIS : la jaunisse sous contrôle

Les premiers signes de jaunisse sont apparus début juin dans le Nord – Pas-de-Calais. L’enquête menée par la délégation sur 770 parcelles montre que 25 % des parcelles ont des symptômes de jaunisse avec un niveau moyen de gravité de 2,8 %.

Ce niveau d’attaque ou de gravité peut atteindre 20 % ponctuellement sur des parcelles F8 sans relais aphicide.

Les premiers vols de pucerons verts ont été observés vers le 20 avril. Dès lors, un premier aphicide a été préconisé pour ces parcelles ne bénéficiant pas de traitement de semences contre ce ravageur. Les betteraves sont alors au stade deux feuilles. Deux, voire trois applications insecticides ont donc été nécessaires pour protéger efficacement la culture jusqu’à la couverture du sol, moment où la plante devient plus tolérante au virus.

CENTRE-VAL-DE-LOIRE : la jaunisse présente

98 % des parcelles ont été emblavées avec une protection de semence néonicotinoïde.

Les premiers vols de pucerons verts ont été détectés en faible quantité début mai avec un pic plus marqué fin mai. En revanche, les pucerons noirs (Aphis fabae) ont été très présents dans la majorité des parcelles.

Les premiers symptômes de jaunisse ont été observés début juin. La maladie s’est développée en juillet et en août. L’enquête jaunisse révèle que 11 % des 273 parcelles observées sont symptomatiques.

Les 17 % de parcelles les plus impactées sont majoritairement bio, la gravité allant de 40 à 100 %.

Comme en 2021, l’ouest et le sud-ouest de la région Centre sont les secteurs les plus impactés. Les foyers de jaunisse sont très fréquemment observés en bordure de bois, de haies et de jachères de graminées ou d’infrastructures routières.

ÎLE-DE-FRANCE : la jaunisse présente dans toute la région, mais en faible gravité

La semaine du 26 avril, l’ITB observait les premiers pucerons verts aptères Myzus persicae dans des parcelles sans protection NNI. Le seuil du premier traitement aphicide est alors atteint (10 % de betteraves touchées). En parcelles avec NNI, la présence de pucerons reste alors très faible à l’exception de quelques parcelles avec des conditions de croissance difficiles (battance, faible population de betteraves…).

Les premiers symptômes de jaunisse apparaissent entre fin juin et mi-juillet (pour les attaques de pucerons les plus tardives). Avec ou sans NNI, cette maladie concerne tous les champs de betteraves avec des gravités très variables. 80 % des parcelles comportent moins de 10 % betteraves touchées.

En revanche un peu moins de 5 % des parcelles présentent 100 % de betteraves malades. Cela concerne des situations particulières : agriculture biologique, F8 sans ou avec un seul relais aphicide. Pour ce scénario, la baisse de rendement sera significative.

CHAMPAGNE / YONNE : une pression jaunisse contenue par les néonicotinoïdes

Les températures printanières ont stimulé le développement des pucerons. Les protections de semences néonicotinoïdes ont limité les infestations avec des apparitions ponctuelles et plutôt tardives. En revanche, en situations non protégées, des interventions en végétation répétées ont été nécessaires pour contenir la dynamique d’évolution des populations.

Le bilan sanitaire réalisé début septembre indique que ¾ des surfaces régionales restent globalement indemnes de jaunisses virales. Ponctuellement, des symptômes peuvent être observés sur des plantes isolées ou des petits foyers, sans conséquence pour la productivité.

Dans les autres situations, majoritairement conduites en absence de protection de semences néonicotinoïdes, un développement plus conséquent par zone est apparu cet été. Pour ces parcelles touchées, l’ITB constate une variabilité de gravité (de 2 à 30 % de surface concernée) en lien avec le niveau de protection aphicide.

Les infestations les plus importantes sont recensées dans certaines parcelles de betteraves engagées en agriculture biologique, abondamment colonisées en pucerons ce printemps. Ces parcelles sont touchées jusqu’à 100 %.

Le gradient de pression constaté en 2020 entre le sud et le nord du territoire ne s’exprime pas cette année.

Quelle solution assurantielle pour gérer le risque de jaunisse, demain ?

Mené par l’Association Recherche Technique Betteravière (ARTB) et deux chercheurs spécialisés en gestion des risques, le projet GREcoS – ou Gestion du Risque Économique Sanitaire – a pour objectif de caractériser le risque de jaunisse sur les betteraves sucrières et d’estimer son coût assurantiel (qui se traduira par l’établissement d’une prime de risque jaunisse), en prenant en compte les solutions agronomiques qui émaneront du Plan national de recherche et d’innovation (PNRI). Une fois ce risque défini et la prime assurantielle calculée, un dispositif de gestion du risque financier sera alors identifié pour accompagner la transition vers de nouveaux modes de production de la betterave sucrière.

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Créer un modèle « as if » pour estimer la prime de risque jaunisse

Le risque économique lié à la jaunisse est mal connu, car la majorité de la surface betteravière est protégée par les néonicotinoïdes depuis les années 90. Pour le mesurer, les chercheurs ont développé une méthode permettant de reconstituer des historiques de récolte appelés « as if », sans traitement aux néonicotinoïdes. Ces historiques permettent d’estimer la perte moyenne de récolte liée à la jaunisse et le coût du risque associé.

Pour cela, un modèle développé en Angleterre a été adapté pour estimer le niveau de contamination des betteraves par la jaunisse, en fonction de la température hivernale dans chaque région agricole. Cette estimation a été réalisée sur une période longue de 1950 à 2100, à partir d’un scénario climatique du DRIAS (Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l’Impact et l’Adaptation de nos Sociétés et environnement). Ces projections climatiques permettent de prendre en compte les évolutions climatiques. Ces résultats ont ensuite été croisés avec un modèle de croissance des betteraves, basé lui aussi sur des données météorologiques. Ainsi, plus les pucerons infectent les betteraves à un stade précoce, plus la perte de rendement jaunisse estimée est importante.

Des résultats attendus pour développer un outil assurantiel adapté

Ce modèle doit permettre d’estimer, dans un premier temps, l’augmentation en euros d’une prime de risque hors usage des néonicotinoïdes. Dans un second temps, l’atténuation des pertes de récoltes, en lien avec les solutions agronomiques du PNRI, sera intégrée au modèle et viendra diminuer le coût de la prime de risque jaunisse.

Un outil financier de gestion du risque sera alors dimensionné pour prendre en charge la part du risque non maîtrisé par les solutions techniques. Cet outil assurantiel permettra d’assurer l’accompagnement de la filière dans la transition vers de nouveaux modes de production.