Évaluation de produits de biocontrôle
L’efficacité des substances actives de biocontrôle testées en 2022 par l’ITB sur les pucerons verts en micro parcelle est partielle à nulle. Ces essais ont été réalisés sur 2 parcelles située en Normandie et dans le Nord.
Le produit à base de Lecanicilium muscarium a permis une réduction du nombre de pucerons (par rapport au témoin non traité) deux semaines après le premier traitement dans l’essai réalisé dans le Nord. L’huile de paraffine a permis de diminuer le nombre de pucerons par rapport au témoin non traité une semaine après le premier traitement sur un des sites. Sur un essai complémentaire en grande parcelle, les premières notations jaunisse semblent montrer que l’huile de paraffine permet de prévenir la jaunisse sans qu’une diminution du nombre de pucerons ait pu être observée sur ce site. Ce résultat pourrait s’expliquer par un éventuel effet barrière de cette substance active et reste à confirmer lors des notations ultérieures. 4 des 6 substances actives testées n’ont montré aucune efficacité au champ (azadiractine, acides gras, substances actives sous code 3 et 4) sur les populations de pucerons en 2022.
Les conditions d’application de ces produits doivent encore être approfondies afin d’en améliorer l’efficacité. L’enjeu est d’atteindre le puceron au cœur de la feuille. Cette thématique est travaillée par l’ITB dans le cadre du projet inter instituts ABA PIC.
L’ITB évalue depuis 2019 des produits de biocontrôle dans le cadre du projet ABCD (jusqu’en 2020) puis pour le PNRI. Les résultats, synthétisés dans le tableau ci-joint, montrent que les produits évalués ont une efficacité modérée à nulle. La substance active la plus intéressante semble être Lecanicilium muscarium malgré une efficacité variable, en fonction des sites et des années, qui pourrait s’expliquer par l’influence des conditions météo, pendant et après les applications, sur l’efficacité de ce micro-organisme. L’analyse approfondie des conditions météo lors des essais réalisés de 2019 à 2022 par l’ITB est en cours et devrait permettre de confirmer cette hypothèse.
L’utilisation de modèles pour tenir compte des résultats obtenus sur plusieurs années et plusieurs sites met en avant Lecanicillium mucarium et l’azadiractine comme substances actives de biocontrôle les plus efficaces.
Lâcher d’œufs de chrysopes 2022
L’efficacité de lâchers d’œufs de chrysopes est inégale dans les essais réalisés en 2022 dans 5 Fermes Pilotes d’Expérimentations (FPE). Sur un site, situé dans l’Aisne, ces lâchers ont permis de stabiliser la population de pucerons verts autour de 2 pucerons/betterave (sans toutefois redescendre sous le seuil de traitement défini à 10 % des betteraves avec au moins un aptère vert), alors que les populations augmentent dans le témoin non traité (figure 1). À l’inverse, dans l’essai situé dans le Nord, le nombre de pucerons continue de croître après les lâchers et est statistiquement similaire entre le témoin non traité et les betteraves avec lâchers (figure 2). Sur les autres sites, on observe une efficacité partielle à certaines dates (les populations de pucerons augmentent moins vite que dans le témoin non traité) ou aucune efficacité.
En 2021, aucun effet des lâchers d’œufs de chrysopes sur les populations de pucerons verts n’avait pu être démontré. La principale hypothèse pour expliquer la variabilité entre les années et entre les sites, dans l’efficacité de ces lâchers, est l’influence des conditions météo : des températures froides ont pu empêcher le développement des chrysopes.
L’ITB et les services agronomiques de sucreries évaluent également d’autres stratégies de lâchers d’auxiliaires sur les FPE, notamment des lâchers d’Aphidius (insecte qui parasite les pucerons), des lâchers de larves de chrysopes, et des lâchers de chrysopes et d’Aphidius en combinaison. Des essais en conditions contrôlées ont été réalisés pour mieux comprendre les déterminants de l’efficacité de ces lâchers d’auxiliaires.