Le thème de l’empreinte a été le fil conducteur de la manifestation LFDay organisée le 14 juin à Paris par la Ferme Digitale. Est-ce l’empreinte environnementale maîtrisée grâce au numérique ? Celle que doivent imposer les entreprises françaises et européennes de l’ AgriTech en Europe et dans le monde pour garder la main ? À fort enjeu sociétal, ces deux approches témoignent de l’immense champ du possible qui s’ouvre aux start-up « pour relier agriculteurs et consommateurs, agir de la terre à la table », comme l’a souligné Jérôme Le Roy, président de la Ferme digitale et fondateur de Weenat, en ouverture du rendez-vous LFDay .
Biotechnologies et carbone
Tout ce qui a trait à l’imagerie satellitaire, à la télédétection, à l’agriculture de précision pour optimiser ses rotations, les applications d’intrants, piloter l’irrigation, prévoir la météo, surveiller ses animaux, le stockage des grains…, constitue la majorité de l’offre numérique. Preuve du dynamisme, cette 6e édition accueille une nouvelle catégorie d’entreprises opérant dans les secteurs des biotechnologies et du carbone. Car, l’écosystème de l’AgTech croit très vite, marqué par des prises de participations, rachats, opérations communes, partenariats entre grands groupes et start-up. Ils partagent d’ailleurs le même modèle de transition agricole : l’agriculture régénératrice comme l’a souligné Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo, appelant au passage les pouvoirs publics à mieux accompagner la prise de risques des agriculteurs.
Renforcer les liens pour s’imposer
Paolin Pascot, co-fondateur de LFDay et d’Agriconomie, va même plus loin sur les liens à nouer. Il appelle collectivement les entreprises européennes du secteur du numérique à faire bloc face à l’hégémonie des groupes américains et asiatiques : « Imposons le modèle européen, interpelle-t-il. Nous devons créer des ponts entre entreprises, organisations, écoles et acteurs agricoles. » Il s’appuie sur un indicateur financier de la tech en agriculture et alimentaire : 50 Mds de dollars ont été investis l’année dernière dans le monde, dont 10 Mds d’euros dans des entreprises européennes. La France a levé 1 Md en 2021. « C’est un énorme challenge, notre rôle est d’être certains que notre écosystème va se développer pour être plus fort. »
Autre élément clé, essentiel au déploiement du numérique côté agriculture : la confiance dans l’utilisation par les entreprises numériques des données des agriculteurs. C’est ce que propose Agata Consent, la plateforme de gestion du consentement gérée par Fast-Agritech ainsi qu’Agriconsent proposé par Agdatahub.
Jouer collectif pour accroître la visibilité, c’est justement le choix de La Climate agriculture alliance créée en janvier 2022 et dont les huit membres fondateurs*, partenaires et concurrents, étaient présents au LFDay : « Nous nous retrouvons autour de convictions et de problématiques communes pour proposer de la lisibilité et créer de la confiance dans une industrie naissante », a souligné Étienne Variot co-fondateur de la plateforme Rize, créée au 2esemestre 2020. Par exemple, un outil doit garantir qu’un même agriculteur n’est pas sur deux projets carbone. L’entreprise travaille avec la coopérative Agora pour l’aider à structurer son offre de crédit carbone. De la compréhension de l’empreinte carbone à la gestion de la certification, des démarches administratives, jusqu’aux financements des crédits, ces startups proposent des services concurrents ou complémentaires. L’association vient d’accueillir un 9e membre : SysFarm.
*Carbon Farmers, Soil Capital, Farmleap, Gaïago, Terraterre, Rize ag, MyEasyFarm, Genesis et Sysfarm