« La betterave à sucre européenne peut aider à relever les défis de l’alimentation, de l’énergie et du changement climatique. Pour cela, notre filière doit se doter des outils et du soutien nécessaire pour répondre efficacement à ces enjeux », a déclaré Franck Sander, président de la CIBE devant 150 délégués et invités dont Christiane Lambert, présidente du COPA, des représentants du Parlement européen, le commissaire européen à l’agriculture Januz Wojciechowski et le vice-ministre polonais de l’agriculture Norbert Kaczmarczyk. Le secteur sucrier, préoccupé par l’arrêt des néonicotinoïdes (NNI) prévu pour 2023, se mobilise afin de trouver des alternatives, même si aucune solution qui permettrait de remplacer les NNI efficacement n’est viable à ce stade. Le contexte de guerre en Ukraine a accentué la crise, impactant l’ensemble du système d’approvisionnement en gaz, mais aussi en charbon. « Les défis environnementaux sont gigantesques », a constaté Paul Mesters, président du CEFS (Comité européen des fabricants de sucre). « Avant la guerre, le poids de l’énergie par tonne de sucre représentait 20 % des coûts. Désormais, c’est 50 % des coûts. L’avenir se trouve dans la captation de carbone, par notre culture », a-t-il ajouté. La filière, en réflexion sur cette décarbonation, met davantage en avant le marché de la pulpe. « Nous avons la pulpe à disposition, nous devons reproduire le modèle de la canne à sucre (NDLR, qui fait tourner les sucreries avec de la bagasse), sans pour autant opposer les modèles : celui de l’alimentaire et du non alimentaire », a conclu Franck Sander.
Les clauses miroirs
La CIBE souligne l’importance comme le propose la PFUE (Présidence française du Conseil de l’UE) d’instaurer des clauses miroirs, visant à améliorer la réciprocité des normes autour de 5 leviers d’actions. Les teneurs maximales en résidus (LMR) doivent être revues, comme les tolérances à l’importation pour la protection des végétaux. Certaines normes européennes aux produits importés doivent être appliquées, avec un étiquetage des produits renforcé. « Nous devons prendre en compte ces défis dans les accords commerciaux et renforcer l’action de la coopération dans les organismes internationaux de normalisation. Nous faisons notre travail, mais le soutien des institutions européennes et des États membres est nécessaire si l’Europe veut maintenir sa sécurité d’approvisionnement, sa souveraineté et son rôle stratégique dans la production de produit clé », a indiqué Franck Sander. À l’issue du congrès, Franck Sander a cédé la présidence de la CIBE à Marcel Jehaes (président de la Confédération des betteraviers belges) pour un mandat de deux ans.
Lors de l’ouverture de la 46ème édition de la CIBE, Rafal Strachota, secrétaire général de l’Union polonaise des producteurs de betteraves sucrières (KZPBC) a présenté l’activité betteravière de la Pologne. La culture de la betterave sucrière est concentrée dans les principales régions agricoles : Wielkopolska, Kujawy, Lubelszczyzna, Śląsk, Żuławy, Mazowsze et Zachodnio-Pomorskie. Les céréales (blé, orge) et le colza sont les principales cultures cultivées en rotation avec la betterave, l’intervalle entre deux cultures de betteraves étant de quatre ans. Ces dernières années, une menace croissante des ravageurs émergents a été notée, notamment avec une invasion de pucerons (Aphis fabae), la mouche de la betterave (Pegomyia hyoscyami, Pegomyia betae) et la puce de la betterave (Chaetocnema concinna). Il existe également de nouveaux ravageurs : le charançon de la betterave (Asproparthenis punctiventris) et la teigne de la betterave (Scrobipalpa ocellatella). En 2020, la betterave représentait 2,3 % des 14,7 millions d’hectares mobilisés pour l’agriculture en Pologne, contre 1,4 % en France. Les 4 sociétés sucrières du pays, Krajowa Spolka Cukrowa (KSC), Südzucker Polska, Pfeifer & Langen Polska S.A. et Nordzucker Polska, ont opéré durant la campagne 2021-2022 avec un total de 17 sucreries. La betterave sucrière en Pologne occupe la troisième place en termes de production, à l’échelle européenne.