Depuis 2010, la filière s’est dotée de réseaux d’épidémio-surveillance qui sont aujourd’hui valorisés dans le cadre du projet Sepim du PNRI. En particulier, l’observatoire Vigibet qui mesure chaque année la pression de pucerons et de la jaunisse. Cet observatoire est constitué d’un réseau d’une trentaine de parcelles semées sans traitement de semences insecticides et non traitées en végétation. Plus de 200 parcelles sans néonicotinoïdes sont également observées depuis 2019 dans le réseau de surveillance biologique du territoire qui alimente le Bulletin de Santé du Végétal (BSV). Par ailleurs, des captures de pucerons au niveau de tours à succion viennent compléter les réseaux d’observations au champ.

Les informations générées par ces outils de surveillance sont aujourd’hui valorisées grâce au projet Sepim coordonné par l’Inrae pour améliorer la prédiction des risques de pucerons et de jaunisse.

De l’enregistrement des vols à leur prévision

Une façon de limiter l’incertitude associée aux prédictions d’un modèle est d’intégrer des données d’observations réelles. La tour à succion du Rheu (35), gérée par l’UMR IGEPP, mesure quotidiennement l’abondance des pucerons Myzus persicae ailés interceptés en vol. Il s’agit d’un dispositif aspirant l’air à une hauteur de 12 mètres, avec un débit constant et continu. Les pucerons capturés sont identifiés et dénombrés chaque jour. Historiquement, des tours à succion étaient réparties sur tout le territoire mais celle du Rheu est la seule qui soit restée active, depuis plusieurs décennies, tout au long de l’année, et en particulier lors de la période de sensibilité de la betterave à la jaunisse. Les données accumulées depuis 1978 mettent en évidence une bonne corrélation entre les captures de pucerons réalisées au Rheu et celles effectuées en zone betteravière. En effet, la douceur du climat océanique permet généralement aux pucerons de s’envoler plus tôt en Bretagne que dans le grand quart nord-est de la France. L’analyse des données fournies par les pièges à succion montre que la précocité et l’amplitude des vols de pucerons varient fortement entre les bassins de production betteravière et d’une année à l’autre. Anticiper les caractéristiques locales des vols de printemps permettrait ainsi d’améliorer la prévision et la gestion du risque de jaunisse à une échelle opérationnelle.

Combinés à d’autres informations telles que le climat ou les mouvements de masse d’air, les comptages de la tour à succion au Rheu conduiront prochainement à déployer un modèle de prévision des dynamiques de vols de pucerons au-dessus des parcelles de betteraves.

De la prévision des vols au risque jaunisse

En complément, d’autres approches de modélisation sont mises en œuvre dans le projet Sepim pour identifier les facteurs de risque relatifs aux pressions de pucerons, de jaunisse et aux pertes de rendements. Des données d’occupation du sol telles que la présence de réservoirs viraux, des pratiques agricoles à risque et des modèles de dissémination des différents virus seront prises en compte pour prédire le risque de jaunisse.

L’objectif final est de fournir aux acteurs de la filière des outils de visualisation spatio-temporelle de l’état sanitaire, d’évaluation des risques et de leur prévision, qui enrichiront la version actuelle de l’outil Alerte Pucerons de l’ITB afin d’évoluer vers un système complet d’aide à la décision.

CE QU’IL FAUT RETENIR

– L’amélioration des prévisions de la précocité et de l’amplitude des vols de pucerons au-dessus des parcelles de betteraves, et des incertitudes associées, ouvre des perspectives supplémentaires de gestion et de prévision du risque de jaunisse.

– Anticiper ces vols permettrait de positionner des interventions techniques visant à limiter l’infestation.

– De nouveaux outils d’aide à la décision seront mis à la disposition de la filière.