Ils ont fondé le groupement « Émile et une graine » en 2018, au sud de l’Essonne, autour de Milly-la-forêt et de Soisy-sur-École. Ces six agriculteurs se sont diversifiés avec le quinoa et d’autres graines alimentaires : lentille, pois chiche, petit épeautre. Les exploitations produisent soit en HVE3 soit en « bio ». « La culture du quinoa et très compliquée », constate Rodolphe Fouquet, installé sur une centaine d’hectares. « En fonction des conditions météo et de l’enherbement, on peut louper la production. Car le quinoa est très sensible à la concurrence et il n’apprécié pas l’humidité en fin de cycle ». Avant de se lancer dans cette culture, les six agriculteurs ont testé plusieurs variétés pour sélectionner celle qui donnerait le meilleur résultat dans leur terroir. « Nous avons choisi une variété blanche de qualité, à graine sans amertume et pauvre en saponine, donc qui mousse peu à la cuisson », poursuit Rodolphe Fouquet. Difficile d’en savoir davantage sur le nom de cette variété, car le collectif veut préserver son savoir-faire.
Une récolte délicate
Semé en mars ou en avril, le quinoa boucle son cycle en quatre mois. Sur le plan botanique, la plante est très proche du chénopode. Aussi doit-on éviter de le semer dans des parcelles envahies par ce type de mauvaises herbes poussant en été : amarante, atriplex et, bien sûr, chénopode. Dans l’Essonne, le désherbage est mécanique et aucun traitement n’est appliqué. Au bout de trois ans de culture, le rendement s’avère encore inégal. « Au mieux, nous récoltons environ 10 q/ha. Surtout, c’est la qualité de la graine à la récolte qui importe ; elle a besoin d’une période sèche avant d’être moissonnée. Si la qualité n’est pas au rendez-vous, la récolte n’est pas commercialisable », confie Rodolphe Fouquet. « Pour le quinoa, aucun équipement particulier n’est nécessaire. Nous utilisons le même matériel que pour d’autres cultures ». Ensuite, la graine est triée dans une des exploitations du groupe, puis stockée en big-bag avant d’être ensachée au fil de la demande. Le sachet de quinoa de 500 grammes est vendu 4,5 euros et bénéficie de la charte de qualité « Made in Essonne », le département aidant à la promotion des produits locaux. Organisés en SAS depuis 2019, les six agriculteurs continuent à prospecter pour trouver de nouveaux points de vente en Essonne : restaurants, épiceries locales, salons. Ils sont déjà présents dans une quarantaine de points de vente du sud de l’Île-de-France.