Vus froidement, les facteurs macroéconomiques restent porteurs. Le pétrole frôle les 100 $/baril, et la monnaie brésilienne retrouve de nettes couleurs face au dollar. Un dollar vaut désormais 5,2 BRL, contre 5,7 BRL en début d’année : c’est un gain, pour le réal, de presque 9 % en un mois et demi ! Ces données seraient de nature à tenir les cours du sucre : voilà un double support pour l’éthanol brésilien, qui commençait à faiblir.
Mais ce serait oublier à quel point les marchés craignent les crises politiques, et la situation en Ukraine fait peur à beaucoup. Le retour de l’inflation, et la hausse annoncée des taux d’intérêt, pourrait également modifier l’opinion des spéculateurs sur l’intérêt des matières premières comme placement le plus rentable. En tout cas, ils continuent de s’éloigner du sucre : ils restent acheteurs-nets, mais de seulement 1,2 Mt de sucre – on n’avait pas vu cela depuis juin 2020.
Le marché du sucre, pour autant, ne dévisse pas complétement. Les échéances de mars étant clôturées, la prochaine échéance, pour le sucre brut, est désormais fixée en mai 2022 et les cours restent proches des 18 cts/lb. Le sucre raffiné reste autour de 480 $/t jusqu’aux échéances de décembre prochain.
Sur le marché européen, la nouvelle de la semaine est venu d’Agreste, le service statistique du ministère de l’agriculture, qui anticipe désormais des surfaces françaises betteravières en baisse pour les semis 2022 (entre 0 et -3 %). Un choix probablement dicté par l’effet combiné des restrictions dans le choix des parcelles, liées à la dérogation relative aux néonicotinoïdes, et par le manque de certitude sur les prix de betterave à attendre, alors que les cultures alternatives affichent un prix aussi limpide que rémunérateur.
Certains y voient le signe que la crise de la fin des quotas betteraviers n’est pas terminée, puisque la filière française ne parvient pas à s’étendre quand les prix sont porteurs. Car ils le sont. Le marché du sucre européen sur le spot ne semble pas arrêter sa progression et la zone Europe de l’Ouest affiche désormais les 620 €/t, rendu utilisateur ! Les Pays-Bas semblent mieux s’adapter à la nouvelle donne, en annonçant une hausse de surface de 1,5 % sur les semis prochains…