« Cette année 2021 a permis aux variétés d’exprimer leur potentiel. On observe notamment de beaux rendements en lin teillé pour les variétés récentes », relève Isabelle Chaillet, ingénieur chez Arvalis. Seule ombre au tableau : la nuisibilité des maladies en 2021. L’oïdium a occasionné des pertes souvent comprises entre 6 à 9 q/ha, en particulier dans les régions normandes. Et la septoriose était aussi présente dans les parcelles, liée à la verse. Le climat 2021 a eu une autre conséquence : la production de semences a été plus complexe. « Il y a un risque de tension sur l’approvisionnement en semences cette année », souligne Yann Flodrops, animateur Arvalis de la filière lin.
Le « plus » des variétés tolérantes à l’oïdium
Cinq variétés de lin fibre ont été inscrites en 2021 au catalogue français. Elles possèdent toutes de bons niveaux de résistance à la fusariose et à la brûlure. Le risque de fusariose reste commun à toutes les zones de production, et plus spécialement dans les rotations de moins de 7 ans et sur les sols acides. La brûlure concerne surtout les zones du littoral et les sols sableux, où elle peut entraîner des pertes en cas de pression élevée. La tolérance à l’oïdium reste un caractère central, car elle permet souvent d’éviter un passage fongicide. En 2021, cette maladie s’est développée très rapidement à partir du stade 40 cm, avec une forte pression. « Les variétés moyennement ou assez tolérantes à l’oïdium se sont distinguées des variétés sensibles » souligne Isabelle Chaillet. Le gain de rendement a été quasi-systématique en 2021. Avec une variété tolérante à l’oïdium, c’est +4q/ha par rapport à une variété sensible, selon le bilan établi par Arvalis. Le climat humide a aussi favorisé d’autres maladies en 2021 : septoriose, sclérotiniose et pourriture grise, identifiées dans les endroits versés et détrempés. C’est pourquoi la résistance à la verse entre aussi dans les critères de choix variétal, en particulier pour les parcelles ayant de gros reliquats d’azote.
Surveiller les altises à la levée
Face aux ravageurs, principalement les altises, la surveillance est conseillée dès que le lin a germé. Une grille de risques permet de décider d’une intervention. Si le risque est moyen, avec plus de dix morsures par plante, Arvalis conseille de traiter avec Karaté Zeon (0,075l/ha). En cas de forte attaque, si les plantes sont dévorées par les altises, trois solutions possibles : Trebon 30 EC, ou Karate Zeon (0,075 l/ha) en double application ou Karaté Zeon suivi de Boravi (1kg/ha). Des solutions de biocontrôle sont aussi testées sur ravageurs, mais elles paraissent moins stables que les produits classiques. « Nous n’avons pas relevé d’effet de l’adjuvantation », commente Benoît Normand, ingénieur chez Arvalis. « En revanche, plus le volume d’eau appliqué avec l’insecticide est élevé, plus son efficacité est bonne ».
En 2022, la panoplie herbicide sur lin fibre évolue, avec le retrait de l’Emblem Flo et l’homologation de l’Allié SX sur dicots et repousses de colza. L’Allié SX nécessite des précautions : traiter sur un lin bien enraciné, un sol non battant, à un volume de 100 à 300 l/ha. Sur les vivaces, il est conseillé d’appliquer Allié SX à un volume de 250 à 300 l/ha.