L’année 2022 démarre en fanfare pour les oléagineux. La précieuse graine de colza vient de franchir pour la première fois de son histoire la barre symbolique des 800 €, jusqu’à 832 € le 10 janvier sur les marchés physiques Fob Moselle et rendu Rouen. Le bond s’établit à plus de 100 € d’un coup en moins d’un mois. Sur les marchés à terme, la tendance suit. L’échéance de février 2022 a grimpé jusqu’à 828 €, celle de mai près de 760 € et, déjà, les contrats à terme pour la récolte à venir en juillet sont à des niveaux jamais atteints en début de campagne, à plus de 580 €/t pour les échéances d’août et de novembre 2022, et de février 2023 !
La tendance est un peu plus sage pour le tournesol, à plus de 620 €/t (rendu Saint-Nazaire) qui reste sur un plateau à un niveau très élevé. Les produits transformés suivent. Les cours du tourteau de colza grimpent en flèche, à 380 €/t (rendu Rouen) soit 50 € de plus qu’il y a un mois. L’huile de colza affiche 1 900 $/t à Rotterdam, soit 100 $/t de plus qu’il y a un mois, et celle de tournesol 1 400 $/t, soit un gain de 50 $/t en un mois. L’huile de palme est également en hausse en raison de risques pour la récolte, avec de très fortes pluies sur la Malaisie et une moindre information, pouvant réduire les prévisions de récolte ou les stocks, provoque une nouvelle flambée ou un léger repli.
La graine de colza va-t-elle atteindre les 1 000 €/t dans les prochaines semaines ? Au rythme où vont les évolutions, rien n’est impossible. Les fondamentaux restent les mêmes, les stocks de colza en Europe sont au plus bas, le Canada affronte une pénurie de canola sans précédent, les cours flambent comme en Europe, les disponibilités sont rares alors que la demande est forte. L’Association des triturateurs européens fait tourner ses 180 usines au maximum de leur capacité de 40 Mt par an. Pour compenser la pénurie de colza, les importations de soja devraient grimper.
Mais les “crushers” (triturateurs) devront aussi payer plus cher, car après avoir été stables pendant des mois, les cours du soja à Chicago sont repartis à la hausse, passant le seuil de 500 $/t, contre 450 $ au cours du dernier trimestre. En cause, la prévision de récolte au Brésil qui devrait être revue à la baisse de 10 Mt (pour atteindre au total 135 Mt). Avec l’amélioration de la situation sanitaire mondiale attendue dans les prochaines semaines, qui devrait à nouveau provoquer un rattrapage de la demande, notamment en huiles et en biocarburants, et compte tenu des cours du pétrole, il est à peu près évident que les cours sont appelés à se tendre.