« Le constat est sans appel : on ne peut pas vendre la betterave à un jeune aujourd’hui », a expliqué Guillaume Wullens, président de la CGB Nord Pas-de-Calais, en présentant les attentes des jeunes agriculteurs. Un travail réalisé en coopération avec les JA.
En trois ans, la betterave est passée de l’image de « culture la plus sécurisante » à celle de « culture la plus à risques » de l’exploitation.
Pourquoi ? Car les jeunes betteraviers ont des craintes agronomiques. La pression parasitaire fait peur : cercosporiose, charançon, jaunisse. Et à leurs yeux, la génétique n’a pas réussi à endiguer ces fléaux. Il y a aussi une nécessité d’allonger les rotations : la betterave a perdu sa place de tête d’assolement.
L’étude fait également remonter un certain malaise vis-à-vis de la coopération. Le prix de la betterave édicté par les coopératives n’est pas compris. Pour les jeunes qui ont participé aux ateliers de réflexion, le prix de betterave « semble fixé de manière arbitraire : à la fois complexe à lire, et sans information quant à la manière dont il est construit. Il n’y a aucune innovation dans les contrats betteraviers, juste un prix, qui tombe d’en haut ».
Par ailleurs, le montant des parts sociales interpelle les jeunes betteraviers. Cela peut être un argument pour réduire ou arrêter la production betteravière. « Les jeunes agriculteurs en coopérative sont très au fait de leur capital immobilisé en parts sociales – bien plus important que dans d’autres filières – et jugent d’autant plus durement leur coopérative sur le retour de valeur de leur engagement », analyse Guillaume Wullens.
Les jeunes jugent les engagements actuels comme des contraintes. Avec des engagements sur 5 ans sur les volumes, sans engagement sur les prix, et avec tous les aléas climatiques et économiques… Bref, ils estiment porter tous les risques.
« Quand il s’installe, un jeune veut contractualiser avec un prix, un volume et une durée pour avoir de la visibilité sur son exploitation », analyse Samuel Vandaele, président des Jeunes Agriculteurs.
Comment changer les choses ? Les réponses ont fusé : parvenir à associer une équité entre les coopérateurs avec une écoute et une proximité, être transparent sur les prix, permettre un retour sur investissement aux coopérateurs, allier engagement et souplesse, mieux expliquer les prix, et surtout innover dans les contrats. « Aujourd’hui, il n’y a pas de politique du jeune betteravier dans les coopératives et les sucriers », constate Guillaume Wullens, qui propose d’organiser des universités d’été pour renforcer le lien entre syndicat, coopératives et jeunes betteraviers.