Après l’année 2020 marquée par la sécheresse, 2021 affiche un rendement très moyen, avec souvent une coupe de moins. Selon Desialis : « les ressources ont été hétérogènes, très changeantes et les démarrages de campagne tardifs. Les coupes ont été décevantes et seule une faible part de la 4ème coupe a été récoltée » Les régions ne sont pas toutes égales devant le climat. En 2020, l’été sec avait provoqué une baisse de production de 0,5 t de MS/ha en Normandie par rapport à 2019. En Champagne, la chute était beaucoup plus marquée en 2020, avec une perte allant jusqu’à de 2,5 t de MS/ha. L’année 2021 devrait se situer sous la moyenne, mais s’avérer moins décevante que 2020.
Selon la dernière enquête Agroluz, réalisée auprès de 249 producteurs, la répartition des variétés demeure assez stable. La luzerne Artémis représente toujours à elle seule environ un tiers des surfaces semées. Trois variétés principales dominent toujours : Artémis, Sibémol et Mezzo présentes sur plus de 60 % des parcelles ensemencées. Viennent ensuite Galaxie, Bardine et Milky Way. Les autres variétés couvrent le reste des semis. La répartition géographique variétale peut jouer sur le potentiel de certaines variétés. Ainsi, la variété Milky Max est présente sur 60 % des parcelles dans des secteurs où la disponibilité en eau est réduite.
Effet positif des rotations longues
« Nous constatons à chaque enquête que l’allongement de l’intervalle entre 2 luzernes améliore le niveau de production. L’hypothèse la plus probable est une moindre pression parasitaire de nématodes et de rhizoctone violet » note Baptise Bert, chargé de mission agronomie chez Luzerne de France. L’effet de la rotation longue est le plus positif pour un écart de 9-10 ans entre deux luzernes, mais il n’augmente pas au-delà. Le précédent exerce aussi un effet favorable. Pour un semis d’été, l’escourgeon reste le mieux placé : « nous constatons toujours un effet « précédent, date de semis précoce », favorable au précédent escourgeon sur la productivité en année 1 ». Plusieurs essais se poursuivent pour mettre au point le semis de luzerne sous couvert de blé ou d’escourgeon. Cette technique semble garantir une meilleure levée en année sèche.
Avantage aux semis d’été
Dans les pratiques conventionnelles, la part des semis d’été reste stable en 2020. Les semis de printemps sur sol nu diminuent légèrement au profit des semis sous couvert, qui sont plus fréquents en production bio, pour faciliter la lutte contre les adventices. L’enquête Agroluz indique que les implantations en terre nue d’été produisent davantage de matière sèche en première année que des implantations sur sol nu de printemps. Les cycles de sécheresse ont un impact très négatif. Le manque d’eau au printemps et en été 2020 a entraîné une perte de 4 t de MS/ha en première année de coupe, par rapport aux moyennes des 6 dernières enquêtes.
Fumure : bonne réponse à P et K
L’impasse sur les apports de P et K reste très peu pratiquée, seulement sur 5 % des surfaces. La moyenne des apports se situe à 114 kg/ha pour le phosphore et à 360 kg/ha pour la potasse. De même que pour les campagnes passées, la luzerne répond bien aux apports d’acide phosphorique. La production de matière sèche augmente en moyenne de 0,7 t/ha pour un apport de P205 supérieur à 150 kg/ha. La réponse à la potasse est un peu moins marquée, entre 0,3 à 0,5 t de MS/ha supplémentaire, pour des apports dépassant 200 kg/ha.
La moyenne des apports de magnésie mesurée par l’enquête Agroluz est de 42 kg/ha de MgO. Si le magnésium est apporté sous forme de sulfate, il permet également de répondre aux besoins de la luzerne en soufre. En cas de sol riche en magnésie, l’apport de soufre peut se faire sous forme de sulfate de potasse ou sous forme de vinasse. Pour couvrir les besoins de la plante en soufre, l’expérimentation a montré qu’il était nécessaire d’apporter entre 60 et 100 kg de SO3 au redémarrage au printemps.
Le semis simplifié domine
Si la pratique du labour diminue, celle-ci garde un léger avantage sur les autres techniques en terme de niveau de production en première année. Actuellement, plus de 50 % des parcelles sont implantées en semis simplifié et 25 % après un labour. En regard du résultat final, le semis simplifié permet une meilleure implantation que le semis direct. Sur l’aspect du désherbage, plus de 95 % des parcelles reçoivent une application en première année. Il s’agit souvent de programmes assez complets, destinés à aborder la première coupe dans de bonnes conditions. L’utilisation de l’herbicide Kerb Flo intervient souvent dans le cadre de la lutte contre les graminées résistantes dans l’assolement. Lors de la deuxième année, la concurrence de luzerne permet de se passer de désherbage chimique sur 50 % des parcelles. Seulement 7 % des parcelles sont désherbées mécaniquement et 3 % des parcelles ne sont pas désherbées au cours du 2ème hiver. En 3ème année, la tendance est identique : environ 45 % des parcelles ne reçoivent pas d’herbicide.