Le pH, ou potentiel hydrogène, indique la concentration en H+ dans la solution du sol. Plus simplement, il détermine si un sol est acide (pH inférieur à 7) ou basique (pH supérieur à 7). Au fil des ans, cet indicateur permet de suivre de possibles dérives, car la plupart des sols ont tendance à s’acidifier. « Sous nos climats, où l’acidification des sols est inéluctable, il faut chauler régulièrement, quel que soit le pH du sol, si l’on n’apporte pas de carbone organique », indique Bruno Félix-Faure, membre du Comifer.
pH et capacité d’échange
Depuis dix ans, des recherches copilotées par le Comifer ont montré qu’en relevant un pH acide, la capacité d’échange des sols (CEC) tend à s’améliorer et permet une meilleure disponibilité des éléments nutritifs. Une CEC optimisée permet à la pluie de s’infiltrer plus vite dans le sol, en descendant en profondeur. Cet effet, variable selon les types de terre, conduit souvent à réduire la battance ou le tassement et à favoriser l’enracinement. Sur la luzerne, un chaulage remontant le pH de 5,8 à 6,5 dès l’implantation a permis un gain de plus de 1.5 t MS/ha/an à la station d’Arvalis de La Jaillère. Le rééquilibrage du pH donne aussi de bons résultats dans les limons de l’Ouest, selon les études de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa). Sur 3 646 parcelles étudiées de 2015 à 2018, le gain moyen de rendement atteint 61 €/ha/an pour le groupe de sols à pH élevé (plus de 6,9) par rapport au groupe de sols à pH acide les plus bas (moins de 6).
Rendre le phosphore biodisponible
Le pH conditionne aussi la disponibilité du phosphore pour la culture, avec un optimum situé entre 6,5 à 7. « En pratique, les observations sur plusieurs années montrent que la concentration en ions P dissous varie peu pour des pH compris entre 5.5 et 7.5 », estime Christian Morel de l’Inrae de Bordeaux. Le transfert du phosphore vers la plante dépend aussi de la granulométrie du sol, car il est plus lent dans une terre sableuse qu’une terre argilo-calcaire. Enfin, le type d’engrais phosphaté peut avoir une efficacité différente selon le pH. Selon le Comifer, les phosphates naturels sont déconseillés pour des pH supérieurs à 5,5 et les phosphates calciques pour des pH inférieurs à 6,2. Les superphosphates, phosphates d’ammonium et bicalciques ont une efficacité assez identique quel que soit le pH.