C’est maintenant à peu près sûr, le cours de la graine de colza sur le marché européen va atteindre les 700 €/t sous peu. Tout y concourt : des importations européennes de colza en chute d’un tiers depuis le 1er juillet en raison de la pénurie mondiale ; un prix du baril du pétrole au plus haut qui entraîne celui des biocarburants vers des sommets ; et les cours des huiles végétales qui crèvent les plafonds à Rotterdam. Conséquence : la graine de colza a atteint un pic de 683 €/t avant de revenir à 680 €/t le 26 octobre sur le marché physique Fob Moselle, et on note un prix équivalent pour le rendu Rouen. Les marchés à terme, qui semblaient temporiser il y a quinze jours, sont repartis à la hausse. La graine de colza s’échange déjà à 685 € pour les contrats à échéance de novembre, après avoir grimpé jusqu’à 698 €. L’échéance de février 2022 s’inscrit désormais à 680 €/t, celle de mai à 665 €, et les deux échéances suivantes, d’août et novembre, pour la récolte 2022, restent aux alentours de 570 €/t, mais avec un bond de plus de 30 €/t pendant la dernière quinzaine.
Il faut dire que la graine de colza est devenue une matière première précieuse pour les 160 usines de trituration européennes, qui peuvent réaliser des marges importantes avec les prix des huiles et des biocarburants. En août et en septembre, ces usines ont trituré, selon l’European Cruschers Association, pas moins de 6 Mt de colza, de tournesol et de soja. Faute de graine de colza, certains de ces outils pourraient être adaptés pour triturer du soja d’importation, dont les cours sont bien moins élevés, la différence atteignant plus de 200 €/t.
Car c’est le paradoxe : la fève de soja s’échange à 455 $ à Chicago et commence à entamer une timide remontée. Mais les acheteurs hésitent car des questions restent en suspens : la crise en Chine semble aboutir à une réduction des importations, tandis que la récolte mondiale pourrait battre des records. Ces facteurs pourraient provoquer un retournement de tendance si l’offre et la demande venaient à se déséquilibrer. Mais on n’en est pas là et, d’ailleurs, les échéances à long terme pour la fève de soja ne montrent pas de signes de baisse.