Les hausses du coût de l’énergie font toujours peur, par leur impact sur les coûts, notamment agricoles, avec leurs effets sur le prix de l’engrais. Mais quand on est producteur d’énergie, on peut aussi y voir de bonnes nouvelles… Car c’est une véritable flambée que connaît l’éthanol carburant en Europe.
Le contexte global des prix de l’énergie lui permet de surfer sur la vague. Le pétrole frôle à nouveau les 85 $/baril, ce qui n’avait pas été vu depuis 5 ans. D’autant que le dollar reprend des forces : il atteint un niveau, face à l’euro, qui est record depuis la Covid-19. Mécaniquement, le pétrole, rendu Europe, est donc doublement en hausse.
Or, la demande est forte. Les derniers chiffres du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA) illustrent que la crise de la Covid-19 est bien derrière nous : la consommation des carburants de type essence ont augmenté de 9 % cet été et le SP95-E10 atteint une part de marché de 51 %.
Résultat : parti de 50 €/hl en février dernier, le marché spot de l’éthanol carburant frôle les 90 €/hl. Il reste au-delà des 80 €/hl jusqu’aux échéances de fin d’année, et au-dessus de 70 €/hl jusqu’aux échéances de juin prochain : de quoi valoriser une betterave à des niveaux supérieurs à 28 €/t, hors pulpes.
Avec de tels niveaux de prix, nul doute que ce sera le débouché d’une grande partie de nos betteraves, quasiment le quart – bien que FranceAgriMer refuse, depuis la fin des quotas, d’indiquer les chiffres réel de transformation. Le bilan européen du sucre s’en retrouvera impacté, et il est à prévoir que la campagne en cours ne permettra pas de réellement reconstruire des stocks en Europe, qui sont au plus bas depuis 10 ans.
Alors que le prix du sucre connaît une tendance haussière en Europe, porté par un marché mondial qui affiche des valeurs jamais vues depuis 4 ans et demi, le manque de matière première va donc se faire sentir pendant toute la campagne. Et même l’éthanol est touché : l’an dernier, l’Union à 27 a dû importer 13 Mhl pour assouvir la demande, selon les dernières statistiques diffusées par Eurostat : si celles-ci sont confirmées, c’est une hausse de 30 % en un an. Et la tendance ne semble pas prête de s’inverser… En éthanol comme en sucre, les hausses européennes font décidemment le bonheur des importateurs !