On s’y attendait, c’est fait. Les cours de la graine de colza ont dépassé les 600 €/t depuis une semaine en Europe, du jamais vu. Le 28 septembre, le rendu Rouen qui remporte la palme avec 624 €/t, suivi par le Fob Moselle à 617 €/t. Même tendance pour les marchés à terme. Sur Euronext, le cours de la graine de colza s’affiche à 617 € pour l’échéance de novembre, la dernière de l’année 2021. Pour 2022, l’échéance de février atteint déjà 606 €/t, celle de mai 593 €/t et celle d’août 505 €/t.
Arnaud Rousseau, président de la Fédération des producteurs d’oléagineux (FOP), se félicite de ces hausses bienvenues pour le revenu des producteurs, qui compensent des années d’absence de rentabilité. « Le problème dans le passé concernait les débouchés. Il est résolu avec la forte demande de biocarburants, d’huiles alimentaires et de protéines pour l’alimentation animale. Aujourd’hui, le sujet prioritaire est la production. Nous prévoyons une hausse de 15 à 20 % des semis pour la prochaine campagne en France, mais le niveau reste inférieur de 20 % à la superficie semée il y a 5 ans ». Il faudrait relancer l’attractivité de cette culture, pour répondre aux besoins, en France comme en Europe.
Mais le déficit d’offre vient aussi de la récolte catastrophique au Canada, de 13 Mt, au lieu des 22 Mt attendues en début de campagne. Les gigantesques incendies de l’été, suivis actuellement pendant la récolte de pluies trop abondantes, sont passés par là. La pénurie est telle que plus aucun chargement de colza n’a eu lieu pour l’export la semaine passée. La route du colza canadien vers l’Europe est donc plus ou moins interrompue.
Pendant que le Canada pleure sa récolte, l’Australie se réjouit de la sienne qui a été révisée de 500 000 de tonnes à la hausse pour atteindre 5 millions. Une collecte qui intéresse bien les usines de trituration européennes, d’autant que l’Australie est en conflit avec la Chine depuis plusieurs mois. Mais voilà, le fret maritime au départ de l’Australie vers l’Europe a plus que doublé en un an, ce qui renchérit le prix de la tonne. D’où l’attrait renforcé pour les marchés physiques sur les marchés domestiques. Pour l’instant, il n’y a donc pas de baisse des cours du colza à l’horizon.