Est-ce le gène de résistance qui sauvera la filière ? À première vue, les betteraves que Maribo a dévoilées le 23 septembre aux techniciens de l’ITB et des services agronomiques des sucreries sont très prometteuses. Au milieu d’un champ d’essais, qui a été inoculé au stade 2 feuilles par le virus de la jaunisse le 20 mai dernier, les six rangs de betteraves indiqués par le panneau « variété partiellement résistante » tranche nettement par son feuillage vert, par rapport aux autres variétés pourtant considérées comme tolérantes. La couleur du feuillage est certes de bon augure sur la capacité de résistance de la variété, mais c’est sur le poids des racines qu’il faudra la juger.
Maribo indique posséder quatre gènes différents permettant de résister aux trois virus les plus présents en Europe (BYV, BMYV et BChV). Le pari du semencier danois est d’éliminer la présence du virus dans la plante, tandis qu’une variété tolérante va vivre avec le virus. Les deux stratégies ont des avantages et des inconvénients : une variété tolérante craque plus vite face au virus, mais a un meilleur rendement quand il est absent. Pour la variété résistante, c’est l’inverse : quand il n’y a pas de maladie, le potentiel de rendement est à ce jour inférieur de 10 %. C’est souvent ce qui se passe en matière de sélection végétale : on l’a vu dans le passé avec la rhizomanie ou les nématodes. Les variétés vont s’améliorer dans les années à venir, estiment les chercheurs de Mario.
« Nous travaillons depuis 1989 sur le virus de la jaunisse, mais depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, la jaunisse est une priorité. On a mis beaucoup d’argent sur la table pour être prêts pour 2024 », déclare Hans Christian Ambjerg, CEO de MariboHilleshög.
On pourra très vite voir si le pari de la résistance partielle est le bon. Maribo a déjà déposé cette variété dans les essais officiels danois (où se situe son siège social), mais devrait également déposer un dossier en France en 2022.
Si tout va bien, des quantités limitées de semences pourraient être disponibles pour les semis 2023, grâce à une nouvelle clause de l’accord interprofessionnel signé cet été, qui permet de planter des variétés inscrites au catalogue européen. Mais ce n’est qu’en 2024 que des quantités plus importantes pourront être commercialisées. Le défi est maintenant de produire suffisamment de semences pour les semis 2024.