Sa fleur est jaune comme celle du tournesol, ses feuilles larges et sa tige dépasse 3 mètres de hauteur : la silphie perfoliée trouve ses origines en Amérique du Nord. Cultivée à l’est des États-Unis et au Canada, elle a fait ses débuts en Europe, couvrant déjà plus de 10 000 hectares en Allemagne et 3 000 en France en majorité dans le Grand Est. Cette plante vivace résiste bien aux aléas, épisodes de sécheresse, fortes pluies, inondations et elle supporte un gel jusqu’à – 40°C. Quels rendements de biomasse en attendre ? De 12 à 18 t/ha sur une durée allant jusqu’à 15 ans. La société Silphie France, fondée par Amédée Perrein et ancrée dans les Vosges, mise depuis 2018 sur cette plante géante. La société est le fournisseur exclusif de la semence de Silphie Abica Perfo, produite par un semencier allemand. Vendue à 570 €/kg avec un engrais starter, elle représente un budget d’environ 1 800 euros pour semer un hectare. En culture, la silphie ne pose pas de difficultés, si ce n’est qu’elle exige un sol neutre ou calcaire. « Pour faire simple, la silphie se sème dans les terres où le maïs se plaît. Si c’est un mauvais sol en rendement maïs, cela fera un mauvais rendement en silphie », résume Amédée Perrein.
De gros besoins en fertilisants
Le handicap de la silphie, plante pérenne, reste que son cycle de production ne débute que la deuxième année. Face à cette difficulté, la réponse consiste à semer les graines sous couvert de maïs, entre avril et juin. La première année, la silphie débute sa croissance entre les rangs de maïs sans lui faire trop de concurrence. Il faut attendre la deuxième année pour que les tiges se développent sur 2 ou 3 mètres de hauteur. En récoltant la plante entière, on obtient entre 12 et 20 tonnes de matière/sèche par hectare, ce qui permet en théorie de produire 4 000 à 4 500 m3 de gaz. À côté du biogaz, le débouché de la silphie en alimentation animale commence à progresser. La culture cumule plusieurs avantages : une bonne couverture du sol, un enracinement profond limitant l’érosion, une fixation efficace du CO2 et des fleurs attractives pour les abeilles et les insectes pendant les trois mois d’été. Néanmoins, cette plante géante ne vit pas que de l’air du temps. Elle doit recevoir une fertilisation non négligeable pour donner un minimum de 15 t/ha de matière sèche. En effet, un hectare de silphie prélève de 60 à 70 kg/ha de phosphore, 240 à 300 kg/ha de potasse et elle a de gros besoins en calcium. D’après Amédée Perrein, il faut impérativement couvrir ses exports pour garantir le rendement et la pérennité de la production. Autre interrogation : la plante n’est-elle pas invasive ? Heureusement, son potentiel d’invasion est considéré comme moyen à faible dans la mesure où elle ne déploie pas de rhizomes profonds et où sa destruction mécanique reste facile. Plus de mille agriculteurs français sont déjà convertis !