La flambée des cours du colza se poursuit au niveau mondial, sur fond de tensions entre l’offre et la demande, avec de faibles récoltes en Europe et au Canada, alors que les industries de trituration accentuent leurs achats. Du coup, la graine de colza s’échangeait, le 14 septembre, à 582 € sur le marché physique FOB Moselle, et à 581 € pour le rendu Rouen. Les cours moyens du mois de septembre 2021 devraient ainsi dépasser ceux du mois d’août, qui étaient déjà les plus hauts de l’année.
Et ce n’est peut-être pas fini. Sur Euronext, les contrats futurs sont tous à la hausse, et ne cessent de grimper à l’approche de leur échéance. Celle pour novembre 2021 affiche ainsi 580 €, c’est-à-dire au prix des marchés physiques. L’échéance de février 2022 atteint 568 €, celle de mai 562 €, et il faut attendre août et novembre 2022 pour retrouver des cours inférieurs à 500 €. Mais tous ces contrats de couverture sont à leur niveau le plus élevé de l’année. C’est bien sûr la récolte catastrophique de canola au Canada, estimée à 14 Mt au lieu des 20 habituellement, qui provoque la hausse des cours. D’autant que les pluies actuelles viennent encore perturber la récolte. Depuis début août, le Canada n’a exporté que 200 000 t, contre 900 000 t l’année précédente.
Certes, l’Australie s’apprête à une collecte record de 5 Mt, mais cette progression de la production est loin de compenser les faibles récoltes canadiennes et européennes. Pire, pour les pays importateurs, il faut ajouter un cours du fret pour les oléagineux qui a doublé en un an, selon l’International Grain Council (IGC), voire plus pour l’Australie et le Brésil, ajoutant encore à ceux des matières premières. Les tensions sont donc au plus haut. En conséquence, ces coûts rendent l’offre domestique encore plus attractive, d’où les cours très élevés pour la récolte européenne.
Mais si les cours du colza sont au plus haut, tel n’est plus le cas pour ceux du soja. Le 14 septembre à Chicago, la tonne de soja s’échangeait à 475 $, quand elle était à plus de 500 $ tout au long du premier semestre. Ce recul des prix est dû à la révision des prévisions mondiales de récolte (en hausse de 6 Mt), à une baisse de la trituration, et à une hausse des stocks finaux, selon l’USDA. De son côté, l’IGC prévoit une production mondiale de 380 Mt, et une consommation de 376 Mt, ce qui correspond à un certain équilibre. Reste à savoir si la Chine, qui a réduit ses achats d’environ 2 Mt en raison de la hausse des prix, va reprendre ses importations. Comme tous les acteurs, elle est aussi confrontée à la hausse des prix du fret, surtout en provenance du Brésil et des États-Unis, les deux principaux pays fournisseurs du pays de Xi Jinping…