« Avec ses hautes températures de plus de 600 °C, la thermonébulisation est à l’origine de nombreux incendies de bâtiments de stockage de pommes de terre », rappelle Michel Martin, ingénieur chez Arvalis. Il faut donc prendre des précautions. Toute proximité d’isolants ou de matériaux facilement inflammables est à éviter.
Précautions à la ferme
Si le produit est appliqué à la ferme, il faut d’abord vérifier l’étanchéité du bâtiment, qui doit être suffisante pour éviter les pertes de produit vers l’extérieur. Au besoin, il faut confiner le tas de tubercules si le volume stocké ne représente qu’une petite partie du bâtiment. Dans les 24 heures précédant le traitement, il est recommandé de ventiler en circuit fermé pour obtenir une température homogène des tubercules, qui doivent être parfaitement séchés et cicatrisés avant l’application.
Le thermonébulisateur sera mis en marche une fois qu’il sera parfaitement nettoyé. L’utilisateur doit porter des équipements de protection individuelle avant de débuter la mise en marche. Pour un tas en vrac, il s’agit de distribuer le produit au cœur du tas, de manière homogène, grâce à une ventilation adaptée. Celle-ci doit fonctionner en circuit fermé par intermittence au cours de l’application. La bonne température de thermonébulisation se règle en fonction des produits, de façon à ce que l’application se fasse avec un brouillard sec, sans risquer son inflammation. Les températures de 180 à 190°C sont préconisées pour l’huile de menthe et l’huile d’orange et de près de 320°C pour le Dormir (1,4 DM). Après l’application, le bâtiment reste fermé hermétiquement pendant au moins 24 heures en arrêtant toute ventilation et refroidissement.
Recourir à la prestation
Le recours à un prestataire spécialisé pour la thermonébulisation permet d’assurer sa réalisation par un personnel qualifié, avec un matériel performant et fiable. Depuis l’an dernier, le négoce Vaesken propose ce service aux producteurs de la région des Flandres. Ce service appelé « Smartfogging » a été créé en étroite collaboration avec les professionnels du groupe Arvesta. « 150 000 t de pommes de terre ont été traitées par thermonébulisation en 2020 avec le produit Dormir, solution retenue par les clients », rapporte Pauline Morin, en charge de la communication de Vaesken. En amont de l’intervention, les spécialistes Smartfogging ont été formés pour réaliser des diagnostics sur les bâtiments et proposer un plan d’amélioration des conditions de stockage. De plus, Vaesken offre un choix entre différents produits anti-germinatifs dont l’huile de menthe verte, l’huile essentielle d’orange ou le Dormir.
Comparer les produits
Trois solutions d’anti-germinatifs alternatifs au CIPC s’appliquent par thermonébulisation : Biox M, Dormir et Argos. Contrairement au Dormir, les deux autres produits, Argos et Biox M sont utilisables en agriculture biologique, avec l’avantage de ne pas avoir de limite maximale de résidu (LMR).
Le Dormir ou 1,4 DMN, est thermonébulisable à la dose de 20 ml/t. Ce retardateur de germination doit s’appliquer assez vite après la rentrée des pommes de terre. Il implique un maximum de six applications par an et un délai après traitement de 30 jours pour la commercialisation des tubercules traités. La LMR est fixée à 15 mg/kg (15 ppm). Les essais conduits par Arvalis conduisent à l’utiliser soit seul en traitement répété à 20 ml/t toutes les 6 semaines environ, soit en programme après une application initiale d’hydrazide maléique au champ, en réduisant alors les doses complémentaires de 1,4 DMN à 15 voire 10 ml/t.
L’anti-germinatif Argos composé d’huile essentielle d’orange agit comme dessicant sur le germe, sans affecter l’épiderme des tubercules. Il s’applique par thermonébulisation à la dose de 100 ml par tonne de tubercules stockés. L’opération doit être régulièrement renouvelée en cours de conservation, dès que de nouveaux germes apparaissent avec un délai d’au moins trois semaines entre deux traitements et un maximum de 9 applications par an. Selon UPL, « la maîtrise de la germination avec Argos consiste à obtenir un effet de nécrose sur les germes à un stade précoce ».
L’huile de menthe ou Biox M agit en détruisant les germes en formation. Efficace à condition de respecter la dose d’emploi préconisée, 60 à 70 ml/t, Biox M implique de laisser le bâtiment traité fermé pendant au moins 48 h, le produit étant très volatil. La première application doit être réalisée assez tôt, au plus tard au stade point blanc, de façon à détruire au mieux la partie active du germe. Si la germination reprend, on peut réintervenir au plus tard au stade point blanc, c’est-à-dire après quelques semaines en fonction de la variété et de la température de stockage.
- Placer le thermonébulisateur à l’extérieur de la cellule à traiter à l’opposé du couloir technique de ventilation
- Éloigner le canon de 4 m des murs.
- Prévoir un passage sécurisé du canon dans la cloison
- Équiper le bâtiment d’extincteurs à eau et à CO2
- Vérifier les installations électriques tous les 3 ans minimum
- Éloigner les stockages extérieurs de palox des parois des bâtiments (de 20 m).