Comme pour beaucoup de cultures cette année, la campagne 2021 de luzerne restera atypique. Non par une forte sécheresse comme l’an passé mais plutôt à cause d’un excès de précipitations. Chez Tereos, premier producteur de pellets en France, avec une moyenne cinq ans de 144 000 tonnes, la première coupe a réellement débuté le 2 mai, après un démarrage le 27 avril sur le site d’Aulnay-aux-Planches (Marne), contre le 23 avril en moyenne. « Les conditions météo ont été inédites cette année avec du froid au printemps et une pluviométrie excessive cet été. On s’oriente vers une année très moyenne en rendement », explique Brice Bijot, président de la commission luzerne de Tereos et membre du conseil de surveillance. À Haussimont (Marne), cœur du bassin d’approvisionnement de luzerne, les précipitations ont atteint 90,5 mm en juin et 96,4 mm en juillet, contre respectivement 57,6 mm et 45,2 mm en moyenne cinq ans. Résultat, le retard dans le calendrier de coupes s’est accentué. La 3e coupe a débuté le 26 août contre le 8 août en moyenne. « Les conditions météo rendent plus difficile le travail aux champs et impactent la production industrielle. La luzerne est filandreuse et la protéine est plus difficile à extraire », souligne Florent Feige, le directeur des opérations de Tereos nutrition animale (TNA). Si elle a lieu, la 4e coupe devrait être très limitée. « La luzerne pousse traditionnellement plus difficilement en septembre et en octobre, à cause du faible ensoleillement. Il sera trop tard », regrette David Sergent, le directeur du pôle coopérateurs de Tereos.
Des rendements en recul
Au niveau des rendements, les premiers chiffres montrent déjà un léger retard sur la moyenne cinq ans. Chez Tereos, le rendement se situe à 4,39 t de matière sèche (MS)/ha pour la 1ère coupe et 4,14 t MS/ha pour la deuxième coupe, contre 4,43 et 4,32 pour la moyenne cinq ans. « Le rendement final de 2020 devrait se situer autour de celui de 2020, qui était de 11,6 t MS /ha, contre 12,71 t MS/ha », estime Émilien Rose, président de la Commission nutrition animale et membre du conseil de surveillance. La production totale de luzerne déshydratée sous ses différentes formes en 2021 devrait donc être en recul. « La ressource en pellets devrait être inférieure à la moyenne 5 ans. Le niveau d’export maritime a été réduit significativement », affirme David Sergent. Quant aux balles, « la production est rendue très difficile suite aux conditions climatiques. Mais les tonnages engagés devraient être couverts par la production de cette campagne », ajoute-t-il.
Malgré ces déconvenues, la filière poursuit ses efforts de décarbonation. Un plan de réduction des émissions de CO2 a été mis en place chez Tereos. Près d’un million d’euros a été investi sur le site de Pleurs, avec l’aide du plan France Relance, pour installer un injecteur à biomasse ainsi que de nouveaux convoyeurs. Objectif : réduire de 70 % l’utilisation de charbon d’ici trois ans.
Promis par la nouvelle équipe dirigeante de Tereos, le groupe « remet l’adhérent coopérateur au cœur de ses préoccupations ». Cela se concrétise aujourd’hui par une nouvelle politique d’offre aux adhérents, désireux d’acheter de la pulpe de betteraves et / ou de la luzerne déshydratée.
« Désormais, la possibilité de restitution des pulpes surpressées en fonction des tonnages de betteraves livrées est garantie », explique David Sergent, le directeur du pôle coopérateurs de Tereos. Un tarif préférentiel leur est proposé : une réduction de 2 €/t par rapport au prix panier applicable chez Tereos (moyenne des prix du blé, maïs et pulpes). Une politique similaire de prix préférentiel est déployée en luzerne. Depuis le 12 juillet, Tereos propose à ses adhérents éleveurs des pellets de luzerne avec une remise de 5 €/t par rapport au prix pratiqué par Désialis le mois précédent. À cela s’ajoute une remise de 30 % sur le coût du transport. Selon Tereos, 3 700 coopérateurs-éleveurs sont concernés par cette offre.