C’est la mauvaise surprise de l’été. Les problèmes de phytotoxicité constatés fin mai à la suite de traitements avec deux lots défectueux du produit désherbant Marquis (lots n° 20107169 et 20107172) fabriqué par la société Adama auront des conséquences bien plus graves que prévu (voir Betteravier français du 20 juillet dernier).
Les résultats des analyses ont en effet mis en évidence la présence de substances actives interdites au niveau européen (diuron, bromacil et carbétamide) à l’origine des problèmes de phytotoxicité.
Les pouvoirs publics considèrent que la présence de ces substances peut constituer un risque pour la santé humaine. Le bromacil est plus particulièrement ciblé car il s’agit d’un herbicide de cultures non alimentaires interdit depuis 2007 dans l’Union européenne (carcinogénicité suspectée, de toxicité développementale et persistance dans les sols).
La direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture demande donc aux betteraviers ayant utilisé ces produits de détruire toutes les parcelles de betteraves concernées, voire toutes leurs parcelles de betteraves au cas où la traçabilité de l’utilisation des lots défectueux ne pourrait être établie. Les agriculteurs concernés seront informés dans les tous prochains jours par un courrier émanant de leur direction régionale de l’Agriculture et de la Forêt.
Ces problèmes sont essentiellement localisés en Champagne Bourgogne et dans l’Aisne, les principaux distributeurs des lots concernés étant les coopératives Vivescia et Cérésia.
« Les représentants de la filière et la CGB ont négocié avec la DGAL la possibilité de transformer tout ou partie des betteraves concernées en produits à usage non alimentaire (alcool, éthanol) mais les pouvoirs publics sont restés inflexibles », indique le président de la CGB Franck Sander dans un courrier adressé aux administrateurs de la CGB.
La DGAL n’envisage aucune contrainte supplémentaire sur les successions culturales, autres que celles prévalant en cas d’utilisation de semences traitées avec des néonicotinoïdes (restrictions sur cultures suivantes).
« La société Adama n’ayant pas respecté la réglementation et ayant failli dans ses opérations de contrôle interne, cela a conduit le ministère à saisir le procureur de la République. Ainsi, dans les prochaines semaines, la société Adama devra assumer la pleine responsabilité financière de ses erreurs opérationnelles vis-à-vis des agriculteurs, des ETA et de l’ensemble de la filière. C’est pourquoi nous envisageons une démarche collective qui associe la CGB, les coopératives sucrières, les distributeurs, avec la collaboration des assureurs, pour pouvoir trouver une solution à l’amiable dans les meilleurs délais. Si cette voie amiable ne pouvait aboutir, les différentes voies de recours en contentieux juridique seront étudiées et engagées », déclare Franck Sander.
Déclarer le sinistre à son assurance
Afin de bénéficier de la meilleure couverture, chaque agriculteur ayant utilisé des lots défectueux de ce désherbant doit déclarer personnellement un sinistre auprès de sa propre assurance.
« Au-delà du préjudice financier et éventuellement de trésorerie, il nous faut également prendre en compte le choc moral que cela va constituer pour les exploitants dont certains vont devoir détruire des betteraves qui pourront être d’apparence en bon état sanitaire, indique le président de la CGB. C’est pourquoi un accompagnement sera prévu et organisé, et nos syndicats seront à leur disposition pour les accompagner ».
1) Destruction uniquement par voies mécaniques
a) Commencer par effeuiller les betteraves (effeuilleuse ou broyeur traditionnel).
b) Puis selon le stade d’avancement des betteraves, commencer à détruire les racines en utilisant un outil animé ; d’autres solutions comme les rouleaux ou les disques sont également envisageables.
c) Réaliser ensuite plusieurs passages, espacés de 8 à 10 jours, avec un outil à disques.
d) Réaliser enfin, si possible, un labour avant l’hiver.
2) Destruction chimique (lorsque l’utilisation d’un herbicide non sélectif de la betterave est possible)
a) Produits utilisables :
Un produit à base de glyphosate. Pour un certain nombre de produits, ils peuvent être utilisés sur les usages autorisés, conformément aux conditions d’emploi antérieures aux décisions modificatives intervenues en 2021 pendant une période de 6 mois, en général jusqu’au 16 septembre. Par conséquent, dès lors que le produit n’est pas sélectif de la betterave et qu’il comporte bien l’usage « traitements généraux désherbage avant mise en culture ». La dose maximale autorisée est de 3 L/ha.
Pour les produits dont les restrictions sont entrées en vigueur, il convient de ne pas dépasser la dose annuelle de 1 080 g de glyphosate par hectare et avoir l’usage « destruction de culture ». Le glyphosate ne peut pas être utilisé si un labour a été effectué avant la culture de la betterave (excepté les labours d’été ou de début d’automne en sol hydromorphe).
Un autre herbicide, non sélectif de la betterave : les betteraves concernées sont non commercialisables et peuvent être considérées comme des adventices à détruire avant l’implantation de la culture suivante. Les herbicides autorisés sur les cultures suivantes envisagées pourront être utilisés pour détruire les betteraves en respectant les conditions d’emploi.
b) Réaliser ensuite, après constat de l’efficacité du produit, une destruction mécanique de la parcelle avec un outil animé ou d’autres solutions.
c) Compléter la destruction avec plusieurs passages, espacés de 8 à 10 jours, d’outil à disques.
d) Réaliser, si possible, un labour avant l’hiver.