Depuis 2020, la solution de vente de graines bas gaz à effet de serre (GES) de Saipol a su convaincre de nombreux agriculteurs et organismes collecteurs, dès la première année. Cela est dû, notamment, à une rémunération complémentaire des graines, sous forme de bonus de 25 €/t en moyenne. Cette filière baptisée OleoZE* a permis à Saipol de collecter 80 000 tonnes de graines durables, colza et tournesol, en 2020. Les volumes ont servi à la vente d’énergies bas carbone, soit l’équivalent de 120 000 tonnes d’émission de CO2 évitées. Plusieurs organismes collecteurs certifiés sont déjà engagés aux côtés de Saipol pour accompagner les agriculteurs dans cette démarche, comme Agrial et Natup. Sept d’entre eux ont signé des partenariats pour soutenir le développement de cette solution qui apporte de la valeur. Saipol vise déjà une collecte de 300 000 tonnes de graines oléagineuses bas carbone, en 2023.
Des négoces moteurs
En Eure-et-Loir, AC Négoce accompagne les agriculteurs dans cette démarche de valorisation. « Nous avons eu une quinzaine de demandes en 2020, et une vingtaine d’autres pour la récolte 2021 », indique Anaïs Coupé, gérante d’AC Négoce. Ce service se décline en deux phases. La première étape consiste à renseigner un calculateur avec les données de production de l’année précédente : rendements obtenus, apports d’azote, matières organiques utilisées, mode de travail du sol… En fonction de la zone de production et de l’historique des pratiques, AC Négoce peut établir un bilan des émissions de gaz à effet de serre, s’ajoutant au calcul de stockage de carbone dans le sol. Ces indicateurs, s’ils atteignent le niveau souhaité, permettront à l’agriculteur de mieux valoriser sa production. Suivant ces bilans, la prime accessible s’élève jusqu’à 30 €/t, la moyenne s’établissant autour de 20 €/t en moyenne. Les contrats bas carbone AC Négoce sont valorisés auprès de Saipol, dont le site industriel de Rouen (Seine-Maritime) fournit des biocarburants. Une démarche bas carbone a aussi été lancée en septembre 2020 par Soufflet, via un questionnaire auprès des agriculteurs pour le colza. « Il s’agit de soutenir le développement des pratiques favorisant la séquestration du carbone », explique François Berson, directeur de la collecte chez Soufflet Agriculture. « L’intérêt d’avoir choisi ce calculateur, élaboré en collaboration avec la FNA (NDLR : Fédération du négoce agricole), est de valoriser le colza lors de sa commercialisation auprès de clients triturateurs, par une prime spécifique calculée sur la réduction effective de gaz à effet de serre »
Une valorisation directe
La valorisation directe est aussi possible pour les agriculteurs. En 2020, un dixième de la collecte des colzas et tournesol bas carbone a été effectuée par Saipol en direct ferme. Les agriculteurs-stockeurs ont ainsi bénéficié d’une meilleure rémunération pour leurs pratiques. Pour commercialiser en direct, il y a des pré-requis : il faut stocker les graines sur l’exploitation et déclarer ses pratiques agricoles. De plus, le producteur doit déclarer sur l’honneur cultiver l’ensemble de ses parcelles en 100 % durables pour la culture concernée par l’enregistrement d’une auto-déclaration sur OleoZE. La démarche, pour être agréée, passe par la création d’un compte OleoZE en ligne. Une fois opérationnel, ce compte permet d’effectuer la première vente.
En 2021, Saipol poursuit le développement des volumes de graines collectées sur OleoZE. « Nous continuons à nous appuyer sur les organismes collecteurs qui constituent le socle de notre approvisionnement en graines, et qui sont en capacité d’accompagner les agriculteurs dans la transition des pratiques agricoles », commente Thibaut Dumans, acheteur de colza chez Saipol. « Nous sommes également confiants sur le fait que le colza garde toute sa place dans la rotation. Les difficultés techniques et climatiques rencontrées par les agriculteurs ces dernières années ne doivent pas occulter l’importance agronomique de cet oléagineux, et sa contribution au revenu de l’exploitation. Le bonus GES que nous proposons est un levier complémentaire pour que les agriculteurs fassent de nouveau le choix du colza », affirme-t-il.
*Dans le nom OleoZE, le préfixe « Oleo » fait référence aux plantes oléagineuses dont les graines sont riches en huile. Les lettres « ZE » signifient « Zéro Émission »
Le catalogue officiel français a inscrit onze hybrides de colza en 2020, dont plusieurs sont éligibles aux Certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP) pour leur résistance partielle au virus TuYV. Trois nouveaux hybrides sont résistants à certains pathotypes de la hernie des crucifères, et 2 sont reconnus peu sensibles ou très peu sensibles à l’égrenage (Crossfit et KWS Granos).
Crossfit (DSV) : 117,2* résistant partiel TuYV
DK Placid (Bayer) : 114,5* résistant partiel TuYV
DK Plastron (Bayer) : 113,5*
Helypse (KWS Momont) : 104,6*
Hodysse (KWS Momont) : 101,9* résistant partiel TuYV
Hostine (KWS Momont) : 105,7* résistant partiel TuYV
KWS Miranos (KWS Fr) : 103,2*
KWS Teos (KWS Fr) : 100,8*
KWS Granos (KWS Fr) : 105*
LG Austin (Limagrain) : 103,8 *résistant partiel TuYV
LG Auckland (Limagrain) : 103,1* résistant partiel TuYV source Geves
* Rendement sur 2 ans CTPS