Diversité génétique des populations de C. beticola
La connaissance de la diversité des souches de cercosporiose est cruciale pour appréhender les capacités adaptatives du champignon et construire de nouvelles stratégies de lutte durables. En 2019 et 2020, plus de 1000 souches ont été isolées sur une centaine de prélèvements répartis dans l’ensemble des zones betteravières du Nord aux Limagnes et de la Normandie à l’Alsace. Les souches sont actuellement conservées dans un laboratoire de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui va en étudier la diversité génétique et la structuration géographique selon l’origine des prélèvements. Leur virulence sera ensuite analysée. Puis, à partir des résultats obtenus, une collection de référence représentative de la diversité génétique existante sera constituée afin de mener différentes expérimentations en conditions contrôlées, pour les besoins du projet et les applications futures qui en découleront.
Identification de marqueurs moléculaires de tolérance
Les interactions moléculaires et biochimiques mises en jeu lors de l’infection par le champignon et lors de la réponse immunitaire par la plante seront étudiées par les chercheurs de l’Inrae. Elles conduiront à l’identification de nouveaux marqueurs pertinents pour la sélection et à l’identification des hormones et des métabolites impliqués dans la réponse immunitaire de la betterave. Dans un second temps, ces analyses moléculaires et biochimiques seront conduites dans différentes conditions culturales pour identifier les pratiques favorables à la mise en place des mécanismes de défense chez la plante. Une nouvelle méthode d’évaluation de la sensibilité variétale pourra être proposée, basée sur l’analyse de marqueurs moléculaires et biochimiques, à partir d’un panel de souches de cercosporiose.
Système d’évaluation des variétés en conditions contrôlées
Chaque année, l’évaluation des variétés en conditions naturelles est dépendante des aléas climatiques ; les années défavorables à la cercosporiose limitent la capacité d’analyse des nouvelles variétés qui arrivent sur le marché. Le projet Sugar propose donc de mettre au point un système d’évaluation de la sensibilité des variétés à la cercosporiose en conditions contrôlées, utilisable en routine et permettant une meilleure indépendance vis-à-vis des conditions climatiques.
Ce dispositif viendra enrichir le système d’évaluation actuel au champ. A partir de la collection de souches de référence, le pouvoir pathogène sera mesuré sur une dizaine de variétés commerciales présentant des niveaux de sensibilité différents à la cercosporiose, afin de mettre au point le protocole de suivi de l’infection et du développement des symptômes. Ces analyses seront conduites dans la serre de l’ITB au Griffon (02).
Impact des pratiques culturales sur la sensibilité des variétés
Les conditions climatiques et les pratiques culturales impactent à la fois le développement du champignon (germination des spores, croissance), mais affectent également la capacité des plantes à exprimer leurs défenses face au bioagresseur. L’irrigation maintient une hygrométrie favorable au processus épidémique.
Des observations sur le terrain suggèrent également que le statut azoté des betteraves joue un rôle dans le développement de la maladie. Plus globalement, le statut nutritif des plantes impacte le processus épidémique. L’effet des conditions culturales sur la sensibilité des variétés de betterave à la cercosporiose sera étudié afin d’identifier les pratiques susceptibles d’améliorer l’efficacité des résistances variétales. Ces résultats permettront d’enrichir les conseils sur les conduites culturales maximisant les mécanismes de défense chez la plante, et limitant l’expression de la cercosporiose.