La teigne de la betterave, Scrobipalpa ocellatella, est un papillon crépusculaire qui se développe spécifiquement sur les chénopodiacées en période de stress hydrique. Les larves dévorent les jeunes feuilles et creusent des galeries dans le collet et dans les pétioles, entraînant des pertes de rendement. De plus, elles sont une porte d’entrée pour des maladies telles que le Rhizopus et d’autres pourritures secondaires.
Un ravageur en expansion
La teigne touche historiquement les régions du sud de Paris, de la Champagne et de l’est de l’Aisne. Mais, depuis 3 ans, l‘ensemble du territoire betteravier est touché, en lien avec les conditions estivales particulièrement chaudes. Ainsi, le nombre de sites atteints par des dégâts de teignes est passé de 20 % en moyenne, de 2010 à 2013, à près de 40 % en moyenne pour les 5 dernières années. De plus, on observe que les attaques dans la parcelle sont beaucoup plus fortes et que le seuil de 10 % de plantes touchées est atteint deux fois plus fréquemment depuis 2015.
Réagir en présence de dégâts
Irriguer si possible : l’apport d’une forte quantité d’eau, de façon instantanée, favorise la noyade des teignes dans le cœur des betteraves. De plus, limiter le stress hydrique permet aussi de limiter les attaques de Rhizopus.
D’autre part, lorsque 10 % de plantes sont touchées avec une présence de chenilles actives, des morsures de pétioles et des limbes des jeunes feuilles, un insecticide en végétation peut être appliqué si un temps sec est annoncé. Cependant, un contrôle total des populations ne peut pas être garanti avec ces traitements insecticides. C’est pourquoi l’ITB recherche de nouvelles solutions.
De nouvelles solutions de gestion
La biologie des teignes, avec des larves cachées au cœur des betteraves et une succession de générations rendent difficile le positionnement des interventions insecticides. L’ITB réalise des expérimentations sur la recherche de nouvelles matières actives, l’ajout d’adjuvants ou l’amélioration des conditions de pulvérisation. De plus, l’ITB étudie de nouvelles solutions de biocontrôle, que ce soit à l’aide de substances de biocontrôle ou avec l’utilisation de trichogrammes comme macro-organismes régulateurs. L’objectif est que les trichogrammes parasitent les œufs du papillon, empêchant la naissance des futures chenilles dévoreuses de betterave. L’ITB, Tereos et Cristal Union, en collaboration avec les sociétés Bioline Agrosciences France et Phyteurop, effectuent des travaux afin d’évaluer la mise en œuvre de cette nouvelle technique.
Un ravageur spécifique de la betterave
Ce ravageur s’est d’abord attaqué aux betteraves sauvages avant de s’adapter à la betterave sucrière, fourragère, potagère et à la bette. En l’absence de betteraves, la durée de vie des teignes est allongée, et leur potentiel de reproduction est maintenu. Il sera déclenché en présence des substances chimiques émises par les betteraves.
Un ravageur du bouquet foliaire
L’adulte émerge au printemps dans les parcelles de betterave de l’année précédente. L’accouplement puis la ponte peuvent avoir lieu dès le deuxième jour après l’émergence. Après éclosion, la larve va percer le limbe et vivre en mineuse dans les pétioles. Elle dévore le cœur des betteraves, ce qui limite la pousse de nouvelles feuilles. Parvenue au dernier stade larvaire, elle peut former une deuxième, voire une troisième génération, en fonction des conditions climatiques.
Une nocivité accentuée par des conditions estivales
Toutes les étapes du cycle sont amplifiées par une température élevée : les femelles qui se sont développées à une température de 30 °C sont les plus fécondes, et toutes les étapes du cycle sont accélérées (durée d’incubation des œufs, vie larvaire, stade nymphal), ce qui permet à la deuxième génération d’arriver plus rapidement. L’importance de la deuxième, voire de la troisième génération, est donc conditionnée par la vigueur de la première génération. En revanche, une forte pluie peut être fatale pour les larves.
La nouvelle fiche de synthèse scientifique et technique sur la teigne vient d’être publiée dans la collection de fiches consacrée aux bioagresseurs.