Avec beaucoup de hauts et quelques bas, les marchés du colza et du soja, de même que les dérivés, huiles, tourteaux et biodiesel, poursuivent leur rallye de hausse en surfant toujours à des plus hauts de l’année. Du 30 avril au 10 mai, la tonne de colza de la récolte 2020 a même atteint 600 € sur le FOB Moselle et le Rendu Rouen, du jamais vu. Le 19 mai, les cours sont retombés à 560 €, restant toujours à un niveau supérieur à la moyenne du mois d’avril, tandis que le nouvelle récolte 2021 se traite à 547 €, après avoir atteint 551 € durant la semaine folle de début mai. Sur Euronext, les chiffres sont à peine plus faibles, l’échéance d’août affichant 542 €, et celle de novembre à 532 €. Les investisseurs sur les marchés à terme ne croient pas à la durabilité de prix aussi élevés qu’actuellement. Mais ils n’avaient pas anticipé non plus les hausses auxquelles on vient d’assister !
Évidemment, les cours observés en France et en Europe ne sont pas déconnectés de ceux des marchés mondiaux. Le canola canadien pour la récolte 2021 s’échange à plus de 600 US$ pour les échéances de novembre 2021 et janvier 2022, franchissant ainsi pour la première fois de l’année le plafond de verre des 600 $. Aux États-Unis, sur le CBot de Chicago, la tonne de soja s’échange à 575 $/t, affichant ainsi également un plus haut de l’année. Les stocks de fin de campagne restent très tendus, avec une demande mondiale, notamment de la Chine, qui est soutenue. L’Australie, qui dispose d’une belle récolte en canola, en délicatesse avec la Chine, exporte abondamment vers l’Europe, au prix fort.
Reste que nul ne sait si ces cours vont se maintenir. La sortie de crise de la pandémie de la Covid plaide en ce sens, de même que la faible récolte de colza attendue en Europe en 2021, tout juste estimée à 16,6 Mt. La demande mondiale de biocarburants, qui ne cesse de se renforcer, contribuerait aussi à des cours élevés. Mais à l’inverse, l’USDA prévoit une très forte augmentation des récoltes à venir. Les États-Unis devraient ainsi produire 130 Mt de soja, soit 8 Mt de plus qu’en 2020, le Brésil devrait produire 144 Mt, et l’Argentine 52 Mt, globalement en hausse de 10 %. Le Canada suivrait la même tendance, tandis que l’Ukraine et la Russie prennent de plus en plus d’importance sur les marchés mondiaux. Aux niveaux de prix actuels, tous les producteurs d’oléagineux sont incités à augmenter leur surface de production. Et c’est peut-être ce qui va, à terme, peser sur les cours mondiaux.