Cette fois, c’est bel et bien fini pour la sucrerie Saint Louis Sucre de Cagny (Calvados). À l’arrêt depuis l’automne 2019, suite au plan de restructuration de son propriétaire, le site était maintenu en activité réduite. 9 salariés sur 85 y travaillaient pour s’occuper du stockage de sucre. Le couperet est tombé le 29 mar,s lors d’un Comité central d’entreprise extraordinaire : Saint Louis Sucre ferme son site de Cagny. « L’objectif de l’entreprise, qui reste confrontée à des difficultés économiques importantes dans un contexte de dérégulation des marchés et de concurrence accrue, est d’optimiser les flux logistiques en utilisant les capacités de ses autres sites », a expliqué le groupe dans un communiqué laconique. L’impression d’un immense gâchis domine chez les planteurs et les salariés. « On s’en doutait, mais je n’aurais jamais cru qu’ils oseraient le faire aussi vite. Nous étions prêts à mettre 30 millions d’euros pour racheter l’usine en 2019. Mais Südzucker avait toujours refusé prétextant qu’il ne la fermait pas », regrette Patrick Dechaufour, le président de la CGB Orne, Sarthe et Calvados. Fleuron de la filière betteravière tricolore, installée sur des terres fertiles affichant les meilleurs rendements en betterave de France, la sucrerie avait été construite en 1951. Longtemps propriété de la famille Bouchon, puis de la Générale sucrière à partir de 1968, elle était passée Saint Louis Sucre en 1998, avant que l’entreprise ne soit rachetée par le groupe allemand Südzucker en 2001. « Seule une activité de production de mélasse que Liquidfeed France faisait réaliser par Saint Louis pourrait être maintenue, mais les installations devront déménager », explique Loïc Touzé, délégué syndical Force ouvrière. Selon lui, trois offres de reprise auraient été présentées pour la reprise du site, dont une émanant de Brown Fields, spécialisé dans la réhabilitation de friches industrielles. « Avec le coup de force de Südzucker, l’Allemagne va devenir le premier pays sucrier européen. Passées les déclarations, nos politiques n’ont rien fait pour protéger notre industrie », a lancé Patrick Dechaufour.