Suivi par l’Apad* et soutenu par l’Agence de l’eau Seine-Normandie, le réseau Osolemi’eau couvre une large zone, de la Bourgogne à la Normandie. Il pilote les actions menées pour la préservation des ressources et la qualité de l’eau. « Sur 379 captages concernés dans le bassin de la Seine, 320 font déjà l’objet d’une mesure soutenue par l’Agence de l’eau », souligne Romain Cassard, ingénieur agronome au bureau d’études Envilys. Pour améliorer les bilans, les approches se font par levier. « Jusqu’à présent, les couverts végétaux s’affirment comme le levier le plus performant pour agir sur la qualité de l’eau », ajoute Romain Cassard. Suivant les secteurs, les solutions testées peuvent être différentes. « Autour de la métropole de Chartres, les enjeux sont liés aux nitrates et aux résidus ou dérivés de produits phytos. Huit captages sont prioritaires pour 29 000 ha de surface d’alimentation de captage. Nous essayons de maximiser les surfaces de couverts, en optant pour des espèces qui ont la meilleure efficacité sur la fixation d’azote », détaille-t-il. La solution retenue passe par une prestation de service auprès des agriculteurs, qui permet d’implanter un couvert dans les 5 jours maximum suivant une récolte. C’est l’assurance de piéger les nitrates potentiellement présents. « Cette prestation est en expérimentation, financée à 80 % par l’Agence de l’eau, c’est sans doute le meilleur moyen d’obtenir un résultat positif », commente l’ingénieur agronome. Pour aller plus loin, les agriculteurs vont aussi être incités à détruire les couverts sans herbicides et à faire des mesures de la biomasse produite.
Un plan spécifique au Neubourg
Sur le plateau du Neubourg dans l’Eure, le syndicat des eaux (SRPN) s’est fixé un autre type d’objectif : limiter à 37 mg/litre le taux de nitrates dans les eaux, soit un seuil inférieur aux 50 mg/litre règlementaires. Le premier plan d’action a débuté en 2014. Sur les 6 000 hectares concernés, l’action se concentre sur la diminution des reliquats d’azote à l’entrée de l’hiver. La démarche passe par la mesure du reliquat entrée hiver, limité à un certain seuil en fonction de la succession des cultures : 60 kg N/ha en céréales/céréales, 50 kg N/ha en colza/céréales et 45 kg N/ha en interculture longue. Des pesées de biomasse du couvert et des prélèvements de sol complètent les mesures. Le plan est doublé par la mise en place d’un paiement pour service environnemental (PSE) à l’agriculteur. Ce paiement, qui dépend de la surface engagée et de la rotation, s’établit à 25 euros lorsque l’objectif est atteint. En définitive, le bilan du SRPN se montre encourageant : 119 parcelles sur les 188 testées dans l’Eure ont atteint l’objectif de résultat en 2019. Sur le plan national, Osolemi’eau se poursuit : « nous continuons nos travaux avec un réseau de 30 000 fermes avec les agriculteurs, en agriculture de conservation des sols (ACS) », conclut Marine Descamps, chargée de mission à l’Apad, « toujours dans une approche locale et collective ».
*Apad : Association pour la promotion d’une agriculture durable