Jusqu’où iront les cours des oléagineux ? La flambée est d’actualité, partout dans le monde, et rien n’indique pour l’instant un risque de reflux, la sortie de crise de la Covid dans les pays occidentaux pouvant même accélérer le phénomène dans les semaines à venir. En Europe, le 9 mars, le cours du colza sur Fob Moselle affichait 530 €/t, soit un gain de plus de 50 € en deux semaines. Le Rendu Rouen a suivi le mouvement avec un prix quasi similaire. Sur Euronext, l’échéance de mai s’inscrivait à 525 €/t, celle d’août à 445 €/t et celle de novembre à 440 €/t. Les cours pour la campagne de 2021 démarrent déjà à un niveau très élevé.
Le même phénomène est observé aux États-Unis, où le soja affiche plus de 500 $/t à Chicago depuis plus d’un mois. Le 9 mars, le cours a atteint 530 $, franchissant un nouveau seuil. La tension est tout aussi vive sur le Winnipeg Global Exchange au Canada où la tonne de canola vient de passer la barre des 645 US$. En Europe comme au Canada, les stocks de fin de campagne de la récolte 2020 sont épuisés – moins d’ 1 Mt ! – alors que la demande des triturateurs reste forte. Le prix des huiles et des tourteaux ne cesse de grimper et leur permet de dégager de fortes marges. L’huile de colza se négocie ainsi à près de 900 €/t à Rotterdam. Et les cours mondiaux du biodiesel sont aussi en forte hausse.
Selon le Conseil international des céréales (CIC), la consommation de soja est attendue à 365 Mt, alors que la production reste estimée à 360 Mt, un chiffre qui devrait d’ailleurs être revu à la baisse compte tenu des aléas climatiques en Amérique du Sud. En Argentine, la sécheresse inquiète et le volume de production est anticipé à 46 Mt, contre une moyenne de 50 Mt. Au Brésil, des pluies s’abattent sur la récolte, provoquant des retards qui contraignent les pays acheteurs, notamment la Chine, à reporter les achats aux États-Unis où les stocks sont déjà au plus bas. Le déséquilibre reste donc la règle au moins jusqu’à l’été. La Chine, qui demeure le premier importateur mondial, continue d’augmenter ses achats, sur la base de plus de 100 Mt par an, pour satisfaire ses besoins en nutrition pour son cheptel porcin et ses volailles. L’Europe continue aussi d’importer massivement pour compenser deux années de récolte maigres. Les producteurs français et européens de soja, de colza, et aussi de tournesol, vivent une période d’euphorie. Dommage que le volume de production des deux dernières campagnes ait été aussi réduit.