La recherche appliquée pour tester, en conditions réelles, les combinaisons de solutions alternatives aux néonicotinoïdes se met en place à grande échelle. Les 53 planteurs volontaires vont tenir un rôle important, puisqu’ils mettent à disposition près de 450 ha de betteraves grâce un réseau de fermes pilotes représentatives de l’ensemble de la zone betteravière. Ces 53 producteurs ont signé un contrat et se sont déclarés prêts à s’impliquer dans la mise en place des fermes pilotes pour les trois campagnes d’expérimentation.

Si le projet est proposé au financement par le PNRI, donc de l’argent public, c’est la filière betterave sucre qui financera les compensations versées aux agriculteurs. Ils seront indemnisés pour la perte de rendement par rapport à leur moyenne olympique (3 années sans franchise).

Pour la première année d’expérimentation, ils testeront essentiellement l’effet des plantes compagnes et des bandes fleuries sur les pucerons.

Chaque ferme sera suivie par un technicien : un délégué régional de l’ITB ou un inspecteur de culture de sucrerie. Ils assureront des observations sur l’évolution des populations de pucerons et d’auxiliaires, l’état sanitaire des betteraves et l’efficacité des moyens de lutte alternatifs. Ces fermes pilotes participeront aussi à la diffusion et au transfert des innovations vers l’ensemble des acteurs de la filière.

Point de vue de Fabienne Maupas, responsable du département scientifique de l’ITB et coordinatrice du PNRI

« Nous allons tester des solutions inédites »

Faut-il sacraliser l’animal ?

Quelle est la place des fermes pilotes au sein du PNRI ?

Les fermes pilotes constituent le support de beaucoup de projets du Plan national de recherche et innovation. C’est dans ces fermes que la filière testera les différentes solutions proposées pour lutter contre les pucerons sans avoir recours aux néonicotinoïdes. Ces expérimentations réalisées à l’échelle de la parcelle permettront de comparer les quantités d’auxiliaires, de pucerons et la gravité des attaques de jaunisse. Nous retiendrons ensuite les solutions les plus opérationnelles après avoir réalisé des calculs économiques.

Comment les planteurs ont-ils été choisis ?

Ce sont des agriculteurs motivés pour tester des alternatives aux néonicotinoïdes. 20 % d’entre eux sont en bio, mais tous ont envie de participer à l’élaboration de nouvelles solutions et d’apporter leur expertise. Ils vont être fortement impliqués dans la démarche. Leurs fermes seront aussi des outils de démonstration, car nous avons seulement trois ans pour transférer de nouvelles méthodes, et nous comptons aussi sur eux pour accueillir leurs collègues.

Qu’allez-vous tester ?

En 2021, nous allons tester différentes compositions de bandes fleuries pour attirer les auxiliaires. Il y aura aussi des intercultures que nous laisserons dans la parcelle pour maintenir l’habitat des auxiliaires. Nous allons également tester la culture de la betterave associée avec de la vesce, de l’avoine ou de la féverole. Ces plantes compagnes seront semées un peu avant la betterave et détruites chimiquement pour qu’elles ne handicapent pas le rendement, tout en laissant le temps de pouvoir perturber l’arrivée des pucerons.

Enfin, nous allons réaliser des lâchers d’auxiliaires – des chrysopes – notamment sur des parcelles en bordure de haies ou de colza, qui sont connus pour être des réservoirs à pucerons.

Quand ferez-vous le bilan ?

Le timing est très serré. On fera donc le bilan chaque année, et si l’on considère que ce n’est pas la bonne direction, nous arrêterons tout de suite les travaux et allouerons le budget sur d’autres projets. Il faut en effet maximiser les chances de trouver des solutions inédites qui devront être opérationnelles en 2024.