En 2020, le désherbage des betteraves a été satisfaisant dans 77 % des parcelles (source : enquête annuelle ITB). Il a été rendu difficile par des doubles levées dans de nombreuses parcelles et par des conditions climatiques sèches. En définitive, ce bilan est moins bon que celui des cinq dernières années.
Toute intervention réalisée tout au long de la rotation, dans la culture précédente ou pendant l’interculture, peut permettre d’alléger les interventions nécessaires.
1re étape : la connaissance et l’observation des parcelles
Afin d’améliorer l’efficacité du désherbage, de réduire les coûts et de répondre aux attentes sociétales, il est nécessaire de :
- connaître précisément la flore adventice présente dans la parcelle, ce qui permettra de décider de la nécessité d’un traitement de pré-émergence, en particulier en cas de fortes infestations d’ombellifères.
- observer les parcelles au cours de la croissance des betteraves, afin d’adapter le programme de désherbage en fonction des adventices présentes.
La première intervention doit être effectuée deux à trois semaines après le semis sur adventices, au stade cotylédons.
Cette première étape est essentielle puisqu’elle consiste à identifier les adventices présentes dans les parcelles, afin de faire le choix des bons produits qui contrôleront la flore.
2e étape : l’identification des matières actives utiles et la construction d’un mélange simplifié
L’ITB a mis au point le tableau n°1 : « Quelle matière active pour quelle adventice ? » afin de composer un programme de post-émergence herbicides.
Une fois les adventices identifiées, l’objectif est de choisir uniquement les matières actives efficaces pour contrôler la flore. Le tableau n°1 présente l’efficacité des herbicides pour raisonner au mieux le choix des produits et construire le programme de désherbage. Un programme doit combiner différents modes d’action, foliaires et racinaires ; le tableau permet d’identifier les superpositions entre produits dans le but de limiter le nombre de produits utilisés.
Lors de conditions sèches, il est important d’associer des produits moins dépendants des conditions climatiques comme le triflusulfuron-méthyle (Safari,…) ou la clomazone (Centium 36 CS,…).
3e étape : choix des doses en fonction du stade des adventices
Les traitements de pré-émergence ne sont pas, dans une grande majorité des cas, nécessaires ; ils doivent être réservés uniquement aux parcelles fortement infestées d’ombellifères pour lesquelles le contrôle en post-émergence repose sur un choix de produits limité. L’intervention est à réaliser avant la levée des adventices, et juste après le semis (48 heures maximum) pour ne pas perturber la levée.
Ces parcelles (forte infestation d’éthuses ou d’Ammi majus) requièrent une application de Kezuro (métamitrone et quinmérac) à 3,5 l/ha ou une application de Kezuro 1,6 l/ha en pré-émergence complété par Okido (quinmérac et diméthénamid-P) 0,8 l/ha en plusieurs applications dans le programme de post émergence (0,3 l/ha avant 2 feuilles et 0,5 l/ha avant 8 feuilles pour le respect de la réglementation).
Dans les autres situations, les applications de post-émergence permettent la gestion des adventices.
En post-levée, une fois les produits choisis, il est primordial d’adapter la dose en fonction du stade des adventices (voir tableau 2) et des conditions climatiques. L’objectif est d’intervenir sur des adventices au stade point vert à cotylédons. Il est également nécessaire d’ajouter au mélange herbicide 0,5 l/ha à 1 l/ha d’huile. Le désherbage démarre 2-3 semaines après le semis sur adventices au stade cotylédons et se termine à 70 % de couverture des betteraves.
La principale cause d’un désherbage insuffisant est souvent due à un arrêt trop précoce des traitements de post-émergence avant que la culture n’atteigne ce stade.
Pour les produits racinaires, la meilleure efficacité est obtenue si l’application se fait sur sol humide ou si elle est suivie de précipitations dans les jours suivants.
Si, comme en 2020, des conditions sèches lors du désherbage sont observées, l’augmentation des produits de contact, le maintien de doses repères de produits racinaires et l’augmentation de la dose d’huile à 1 l/ha seront à appliquer.
4e étape : intégrer le désherbage mécanique autant que possible
Le désherbage mécanique complémentaire au désherbage chimique permet de diminuer les quantités d’herbicides chimiques et de garantir la propreté des parcelles, lorsque les conditions météorologiques sont favorables. Il doit être systématiquement intégré dans la stratégie de désherbage, dès que les conditions le permettent.
De plus en plus de parcelles sont infestées de graminées résistantes aux modes d’action traditionnels.
En 2020, comme ces dernières années, de nombreux échecs de désherbage ont été constatés dans la lutte contre les graminées.Dans ces situations, il est nécessaire d’alterner les modes d’action en pré ou en post émergence, et la lutte chimique doit être associée à une lutte agronomique.
En cas de résistance avérée ou de pression montante de vulpins ou ray-gras dans une parcelle, utiliser différents modes d’action est une stratégie qui favorisera l’efficacité, et permettra de limiter le développement de la résistance.
En pré-émergence, l’utilisation d’Avadex 3 l/ha avant semis en incorporation ou de Mercantor Gold 0,6 l/ha en post-semis, pré-levée (à éviter dans les sols filtrants en raison du risque de phytotoxicité) permet de réduire l’infestation des graminées.
En post émergence, la combinaison des modes d’action est également possible.
Sur le graphique ci-dessous, le mélange antigraminées foliaires traditionnel à base de cléthodime (Centurion) complété par du dimethenamid-P (Isard) améliore l’efficacité du traitement.
L’adjuventation est également un élément indispensable dans l’efficacité du traitement. Le mélange Centurion + Isard obtient une meilleure efficacité avec 2 litres d’Actirob B qu’avec la dose d’un litre (1,2 point d’efficacité en plus dans le graphique ci-dessous). Les traitements graminicides ne doivent pas être mélangés avec d’autres herbicides (intervenir six jours minimum après un traitement anti-dicotylédones ou 48 heures avant).
Les produits à base de desmédiphame et de chloridazone sont désormais PPNU (Produits Phytosanitaires non Utilisables).
Compte tenu de la situation sanitaire, Désherb’Avenir, prévu les 5 et 6 mai 2021 en région Centre – Val de Loire, ne pourra pas se tenir en présentiel.
L’ITB, organisateur de l’évènement, proposera en lieu et place de la 7è édition de Désherb’Avenir, une vidéo pédagogique sur le désherbage mécanique. Destinée aux agriculteurs, aux techniciens mais aussi plus largement à toute la filière, elle sera disponible courant mai sur les sites www.desherbavenir.fr et www.itbfr.org et mettra en avant :
- l’intérêt du désherbage mécanique pour diminuer l’Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) et limiter l’attractivité des adventices pour les pollinisateurs
- les différentes techniques et matériels disponibles
- les conditions de réussite du désherbage mécanique
- etc.
Les organisateurs et exposants de Désherb’Avenir vous donnent dès à présent rendez-vous pour la 8è édition de l’évènement, en mai 2023.
