Accompagné d’Alain Carré, président de l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS), et du député Grégory Besson Moreau, rapporteur de la loi sur les néonicotinoïdes (NNI) et président du conseil de surveillance, Henri Havard a consacré sa journée du 17 février à « écouter les questions » d’une quarantaine de planteurs, de représentants syndicaux et de présidents de sucreries. Plusieurs sujets d’actualité ont été abordés.
– Les mesures d’atténuation. « Pour le maïs, ça va le faire, pour le colza, c’est moins clair », a résumé le haut fonctionnaire, qui rappelle au passage que l’Anses, qui sera saisie par le gouvernement mi-avril sur ces questions, est un organisme indépendant sur lequel personne, pas même l’État, n’a autorité.
– Les Nouvelles techniques de sélection végétale (NBT). « On est dans une situation juridique ahurissante. On va au-delà du texte européen en les interdisant par anticipation », a estimé le délégué interministériel. Grégory Besson Moreau a précisé que « le ministre de l’Agriculture aimerait avancer sur ce sujet » et que « l’ITB y travaille ».
– Les dommages collatéraux. Déjà dans une « impasse technique » en matière de traitements, le colza pourrait bien disparaître du paysage estiment certains, alors qu’il sert à nourrir les animaux d’élevage et alimente les usines de trituration. La filière luzerne s’inquiète aussi pour son avenir si les déshydratations devaient renoncer aux pulpes de betteraves. Tout cela sur fond de montée en puissance d’autres insectes ravageurs : charançon, teigne, hanneton… « Ce sera pire que la jaunisse », prédit un cultivateur.
– L’indemnisation jaunisse. « Nous faisons tout pour l’ouvrir le 1er mars pour une période de six semaines. Nous sommes autour d’un budget de 80/85 M€ ». Aux agriculteurs exclus par la franchise, Henri Havard a rappelé que « c’est exceptionnel d’indemniser une maladie ».
– Le PNRI. Déjà doté de 7 millions d’euros d’argent public, il pourrait être porté à 20 millions d’euros grâce à l’apport de la filière, même si c’est un peu « chaud ». La présidente de Sainfolia, Pascale Gombault, est venue témoigner sur la mise en place d’une expérimentation de 24 ha de betteraves bordés de sainfoin, attirant des auxiliaires prédateurs des pucerons et faisant office de barrière physique. « Le PNRI a besoin de gens comme vous », a salué le délégué interministériel.
Beaucoup de betteraviers ont fait part de leur désarroi. « Si on se reprend une tôle en 2021, j’arrête la betterave ! », a prévenu l’un d’eux « Difficile de s’engager sur cinq ans », a renchéri un responsable des Jeunes agriculteurs, dont les dix membres du bureau ont baissé leurs surfaces de 40 %. Mais il n’y a pas péril en la demeure au dire des représentants de Tereos et de Cristal Union. À la sucrerie d’Arcis, seuls 5 % des 80 % de planteurs qui devaient se réengager cette année ont arrêté ou réduit leur engagement.