Le bilan de la campagne 2020 se solde par un coût de protection fongicide inférieur aux années précédentes. La pression des principaux agents tels que la septoriose a été très limitée. De plus, un nombre croissant de variétés détiennent une bonne tolérance aux maladies. Les conseils pour 2021 resteront assez identiques à ceux de 2020 : alléger ou supprimer la protection au premier traitement précoce (T1) si les indicateurs sont au vert et alterner les familles fongicides.
Impasse possible au T1
Face aux maladies foliaires précoces, la protection n’est plus systématique. « Avec l’évolution des pratiques, le T1 ne se justifie que si les modèles de prévision (Septo-Lis, Xarvio…) « déclenchent » et si la rouille jaune est en place précocement », observe Jean-Yves Maufras, ingénieur chez Arvalis. En présence de pustules ou de foyers de rouille jaune, le traitement en T1 contre cette maladie est conseillé uniquement pour les variétés sensibles. Les produits à base de triazoles simples ou doubles ont une efficacité très satisfaisante. Ils peuvent être complétés éventuellement par une strobilurine. Au T1, il est aussi possible de recourir au soufre – classé biocontrôle – qui permet une protection tout en allégeant l’Indicateur de fréquence de traitements (IFT). Dans les secteurs où existe un risque précoce de piétin-verse, l’association de métrafénone et de cyprodinil est la solution la plus adaptée selon Arvalis.
T2 à bien positionner
À partir du stade deux nœuds, la septoriose nécessite toujours une surveillance continue. Le traitement pivot de la protection des blés se situe autour du stade « dernière feuille étalée ». Il est conseillé de traiter assez précocement pour limiter les contaminations des feuilles supérieures F2 et F1. « Ces deux dernières feuilles des blés contribuent pour 65 % au rendement final de la céréale: il faut donc les protéger prioritairement », détaille Jérôme Tournier, responsable du Pôle Céréales de BASF. Le coût moyen de la protection au T2 en situe en moyenne entre 37 et 45 euros/ha. Les meilleures références sur septoriose ressortant dans les essais d’Arvalis sont des fongicides SDHI : Kardix, Librax, Elatus Era… Le Revystar XL de BASF était la nouveauté de 2020. Sa formulation à base de Revysol+Xemium apporte, selon BASF, des performances techniques sur septoriose et rouilles, au stade dernière feuille étalée. La gamme des fongicides céréales va s’élargir en 2021 avec Questar et Aquino, formulés avec l’Inatreq (Corteva). Cette nouvelle matière active apporte un mode d’action préventif et curatif. « Inatreq se montre efficace sur toutes les souches de septoriose; il est aussi autorisé sur rouille brune et rouille jaune », décrit Maxime Champion, chef de produits chez Corteva. La formulation de l’Inatreq permet une longue rétention et une couverture homogène du blé, offrant aussi une large fenêtre de traitement.
Protection à la floraison
À partir de la floraison du blé, la protection se décide et se pilote selon plusieurs critères : la sensibilité de la variété, le précédent, le mode d’implantation. Face au risque de fusariose, la grille d’évaluation du risque mycotoxines d’Arvalis permet de déclencher ou non l’intervention. Lorsque le risque fusariose est avéré et que la qualité sanitaire est prioritaire, plusieurs solutions sont possibles : une triazole seule ou associée (prothioconazole, tébuconazole, metconazole, bromuconazole). Les produits de référence contre la fusariose restent Prosaro, Kestrel et Fandango. Ils donnent des résultats assez équivalents pour éviter les mycotoxines (déoxynivalénol ou DON) dans les essais Arvalis 2020. Toutefois, une dérive d’efficacité sur fusariose des fongicides à base de bromuconazole et de tébuconazole, s’est confirmée l’an dernier. D’autres maladies peuvent survenir en fin de cycle. En présence de rouille brune, les triazoles sont efficaces et leur action peut être renforcée par l’adjonction d’une strobilurine de 0,2 à 0,3 l/ha en cas de forte attaque.
Pour retarder et éviter une baisse d’efficacité des fongicides sur septoriose, Arvalis confirme ses recommandations pour 2021 :
– un seul fongicide SDHI (ou carboxamide) par saison. Associer le SDHI systématiquement à d’autres modes d’action (triazole, folpel ou soufre) est un moyen de faire durer les fongicides concernés par les résistances.
– pas plus d’un prochloraz par campagne
– pas plus d’un fongicide de la famille des strobilurines par campagne
– alterner les triazoles, si possible au cours de la saison, en évitant d’utiliser deux fois la même matière active
Les principales familles de fongicides
IDM incluant les triazoles : prothioconazole, tébuconazole, metconazole, bromuconazole, l’isopropanolazole (Revysol), le prochloraz.
SDHI (carboxamides) : bixafen, boscalid, solatenol, fluxapyroxad (xemium)
QoI incluant les strobilurines : picoxystrobine, azoxystrobine, pyraclostrobine, fluoxastrobine, famoxadone.
QiI ou Picolinamides : Inatreq active