Méthanisation, béton végétal, composites biopolymères… Les nouvelles valorisations de biomasse ligno-cellulosique provenant du sorgho et du miscanthus sont prometteuses. Issu du programme des Investissements d’avenir du gouvernement, le projet Biomass for the Future (BFF) a permis de financer durant 8 ans (de 2012 à 2020) des travaux de recherche pour développer la production de ces deux plantes dans une logique de bioéconomie. Il a bénéficié pour cela d’un budget de 27 millions d’euros (10 millions d’aides publiques), soutenu par 26 partenaires, dont l’Inrae, et 50 collaborateurs.
Un important travail a été mené pour élargir la base génétique afin d’accélérer la création de nouvelles variétés. BFF a permis d’identifier des régions génomiques d’intérêt impliquées dans la production et / ou la composition de biomasse. Pour le miscanthus, des variétés vont être conçues pour répondre à des usages émergents (matériaux de construction, biopolymères…), mais également pour être mieux adaptées aux conditions pédoclimatiques. Actuellement, les débouchés de cette plante sont essentiellement la litière animale, la combustion et le paillage horticole. « Ces travaux offrent des perspectives pour développer de nouvelles variétés de miscanthus triploïdes stériles, pour éviter tout risque d’invasivité, à partir de rhizomes ou de plants, ou même de graines », explique Alain Jeanroy, le président de France Miscanthus, qui rassemble les principaux acteurs de cette filière de 7 000 hectares aujourd’hui, contre 4 000 ha il y a cinq ans.
Du miscanthus dans les voitures
Concernant le sorgho, BFF va permettre la création de nouveaux hybrides, notamment pour les marchés de l’ensilage et de la méthanisation. « Les critères de tolérance au froid et de vigueur initiale, favorisant un semis plus précoce pour éviter la sécheresse estivale, ainsi que l’adaptation aux Cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), sont pris en compte dans la sélection », souligne Pierre Guillaumin, chargé de mission économie et international de l’interprofession Sorgum ID.
BFF a permis d’identifier aussi de nouvelles valorisations. « Les fibres de miscanthus permettent de faire du béton végétal, mais il faut l’associer à du béton pour faire des murs porteurs. En revanche, quand il n’est qu’isolant, nous avons un très bon bilan écologique », constate Patrick Navard, directeur de recherche émérite des Mines-ParisTech. Autre débouché envisagé : la fabrication de composites polymères pour l’industrie automobile. Des prototypes ont été validés par le groupe PSA et sont prêts à être commercialisés. « Mais attention, pour séduire les industriels, ces nouveaux produits biosourcés doivent être réalisés à coûts constants, voire moins cher et qui puissent être produits sur les mêmes machines que les composites en fibre de verre », insiste Patrick Navard. Un véritable casse-tête qui semble en cours de résolution.