Doubler en dix ans les surfaces de plantes riches en protéines (soja, pois, légumes secs, luzerne, légumineuses fourragères, etc.) en France : c’est l’objectif du plan protéines végétales, dont les détails ont été dévoilés le 1er décembre par le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie. Elles passeraient à 2 millions d’hectares à l’horizon de 2030, soit 8 % de la surface agricole utile (SAU). À plus court terme, l’ambition est d’augmenter de 40 % les hectares consacrés à ces cultures.
Pour y parvenir, ce projet est doté de 100 millions d’euros, issu du plan de relance du gouvernement, auxquels vont s’ajouter des fonds du Programme d’investissement d’avenir (PIA) et de BPI-France. Ce plan traduit la volonté du Président de la République, Emmanuel Macron, de réduire la dépendance de la France aux importations de protéines végétales, notamment de soja, qui participent à la déforestation de l’Amazonie, et de retrouver une plus grande souveraineté alimentaire.
Dans le détail, 50 millions d’euros sont prévus pour aider à la structuration des filières, en particulier sur l’aval. Cela devrait permettre de financer des investissements dans les outils de transformation, de logistique ou de stockage.
Une enveloppe de 20 millions, divisée en deux, est ensuite destinée à l’amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages. Les premiers 10 millions accompagneront les investissements des agriculteurs en matériel nécessaire à la production de légumineuses à graines et fourragères et à leur valorisation à la ferme (récolte, tri, stockage, séchage, transformation de graines…). Les 10 autres millions sont dédiés aux achats de semences dans le but d’enrichir les prairies en légumineuses fourragères. Le ministère estime que cette somme devrait permettre d’intervenir sur près de 100 000 hectares de prairies.
Soutien à la recherche et à l’innovation
20 M€ vont être ensuite consacrés à la recherche et au développement sur les légumineuses, en particulier pour les instituts techniques comme Terres Inovia, Arvalis et l’Institut de l’élevage. 7 M€ serviront également à financer l’innovation des entreprises de sélection végétale, pour créer de nouvelles variétés résistant mieux par exemple au changement climatique. Enfin, 3 M€ sont débloqués pour des actions de promotion des légumes secs dans l’alimentation humaine, en particulier des enfants.
Enfin, Julien Denormandie a par ailleurs confirmé la possibilité d’accorder des aides couplées à certaines cultures riches en protéines végétales, grâce à la prochaine PAC.
Dans l’ensemble, les professionnels des filières concernées se sont félicités des mesures annoncées. « C’est un travail de fond qui se concrétise. Nous sommes fiers de voir notre ambition reconnue et partagée », a déclaré Arnaud Rousseau, le président de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop) dans un communiqué. De son côté, le Syndicat national des industriels de l’alimentation animale (Snia) estime qu’il s’agit d’une « véritable rampe de lancement ». « Cela ne sera toutefois pas encore suffisant sur le long terme. Cette stratégie est ambitieuse, mais il faudra du temps », a réagi son président François Cholat.