Les automnes se suivent mais ne se ressemblent pas ! Les cours du blé et de l’orge fourragère se maintiennent des niveaux bien supérieurs à ceux observés au début de la campagne (210 €/t pour le blé, 199 €/t pour l’orge le 30 novembre 2020) et les conditions de cultures sont incomparablement bien meilleures que celles de l’an passé. En semaine 47, les conditions sont qualifiées de “bonnes“ et “très bonnes“ à 95 % (contre 75 % l’an passé) et les stades de levée évoluent de 80 % à 90 % (contre 63 %).
Selon le Conseil international des céréales (CIC), les céréaliers de l’Union européenne à 27 sèmeraient 24,5 Mha de blé, soit 1,8 Mha de plus que l’automne passé. Les cours des céréales motivent aussi les farmers américains à emblaver plus de terres (+500 000 ha). Mais la superficie totale de blé (15,4 Mha) resterait une des plus faibles des dix dernières années.
Ces deux hausses ne compenseraient pas les reculs observés dans le reste du monde, et notamment en Inde (-2,6 Mha), premier pays producteur au monde de blé en terme de superficie (31 Mha).
Aussi, 221,7 Mha seraient plantés dans le monde, soit 2,2 Mha (- 1%) en moins que l’an passé. Cependant la sole resterait stable en Chine (23,8 Mha). Et surtout, l’Inde et l’empire du milieu sont deux puissances économiques relativement absentes sur les marchés céréaliers à l’export.
En revanche, les reculs des surfaces de blé emblavées en Ukraine (-7,4 % ; 6,3 Mha) et au Kazakhstan (-4,2 % ; 11,3 Mha) pourraient compliquer l’approvisionnement de ces marchés l’été prochain si les rendements ne sont pas au rendez-vous.
En Russie, la sole est à peu près stable (28,3 Mha ; -300 000 ha sur un an). Cependant, davantage de blé d’hiver serait implanté (19,3 Mha, + 6% sur un an) que l’an passé au détriment de la céréale de printemps. Or, les pieds de blé sont probablement trop vulnérables pour faire face à des températures hivernales très rigoureuses. Le risque de perte de culture est donc particulièrement important.
Seconde moitié de la campagne 2020-2021
En Australie, l’heure est à la moisson, et les rendements sont meilleurs qu’attendu dans l’état du Victoria. La production de blé est dorénavant estimée à 29,3 Mt (28,4 Mt le mois passé) mais la qualité des grains récoltés dans la partie occidentale de l’île pourrait être altérée par les récentes précipitations. La production d’orge a aussi été revue (11,8 Mt ; +900 000 t sur un mois). Cependant, la qualité des grains serait là encore hétérogène en raison des récentes précipitations.
En Argentine, la récolte de blé dans la région de Buenos Aires est excellente. Dans le reste du pays, les rendements sont très faibles. Dans sa dernière prévision, le CIC a confirmé ce que d’autres instituts d’experts annonçaient quelques semaines auparavant : seules 17 Mt de blé seraient récoltées cette année (- 1Mt sur un mois). La production d’orge serait aussi plus faible que l’an passé (3,5 Mt ; -8% sur un an). Les agriculteurs argentins ont semé moins d’orge que l’année dernière, et les conditions de culture n’ont pas été favorables au développement de la céréale.
Nouvelles perspectives commerciales en vue
Ces récents ajustements à la marge ne modifient pas les fondamentaux de la campagne 2020-2021. A l’échelle de la planète, la production mondiale de blé est dorénavant estimée à 765 Mt (+1,1 Mt sur un mois). En revanche, la nouvelle répartition des superficies de blé récemment semées dans l’hémisphère nord augure de nouvelles perspectives de production et commerciales pour la prochaine campagne.
Les pays de la rive sud de la Méditerranée vont-ils renoncer à consommer autant de céréales que l’an passé ? Selon le CIC, ils importeraient 1,4 Mt de blé tendre et dur de plus que l’an passé (29,2 Mt) alors qu’ils ont produit 1,8 Mt de grains en moins. Pour l’orge, le différentiel est encore plus important. 1,5 Mt d’orges en moins a été récoltée (2,8 Mt) alors que les achats n’augmenteraient que de 0,4 Mt (3,0 Mt).