Ces derniers jours, ce n’est pas tant l’annonce d’un prochain vaccin contre la Covid-19 qui a boosté les prix des céréales mais les conclusions du dernier rapport de l’USDA, l’institut américain de statistiques agricoles. Alors que les transactions vont bon train.
Ce mois-ci, le nouveau coup de rabot que l’institut a porté à ses prévisions a même été fatal. La production mondiale de maïs serait dorénavant déficitaire de 12 Mt. Or, en juin dernier, il l’avait annoncée excédentaire de 25 Mt !
Dorénavant, seules 1 147 millions de tonnes (Mt) seraient produites.
En cause, les États-Unis et l’Ukraine. Les premiers ne produiraient plus que 368 Mt de maïs tandis que l’Ukraine n’en aurait engrangé que 28,5 Mt. Aussi, le pays ne pourrait exporter que 22,5 Mt (- 8 Mt sur un mois).
Enfin, la Chine importerait 13 Mt de maïs, et non pas 7 Mt, comme le laissait encore entrevoir l’USDA, le département d’Agriculture des États-Unis, le mois dernier. L’ex-empire du milieu serait quand même le premier pays importateur au monde de céréales (34 Mt). D’ici fin juin 2021, il achèterait 8 Mt de blé, 6,5 Mt d’orges, 13 Mt de maïs et 6,2 Mt de sorgho. Et pourtant, l’institut ne reprend pas à son compte le chiffre de 25 Mt avancé par différents experts céréaliers.
Toutefois, l’ensemble des pays exportateurs de maïs parviendrait toujours à en vendre 183 Mt d’ici la fin de la campagne car les États-Unis puiseraient dans leurs réserves pour en vendre 66 Mt (+ 19 Mt sur un an). Résultat, les stocks de report mondiaux de fin de campagne seront les plus faibles de depuis cinq ans (291 Mt, dont 191 Mt en Chine).
Dans ce contexte, le Brésil (39 Mt exportables, + 5 Mt sur un an), et dans une moindre mesure les États-Unis, prendraient le relais de l’Ukraine sur les marchés asiatiques, puisque l’Ukraine fera défection.
L’Argentine plongée dans l’incertitude
Toujours dans l’hémisphère sud, la récolte australienne de blé serait conforme aux prévisions du mois passé (28,5 Mt) mais l’Argentine produirait 18 Mt (-1Mt sur un mois), voire 1 à 2 Mt de moins selon des sources argentines. L’El Nina sévit !
Ces nouvelles prévisions ne ternissent pas le climat des affaires. « L’Algérie aurait acheté environ 500 000 t de blé dont la majorité pourrait être origine ‘‘France’’. Plus à l’est, l’Iran et le Pakistan sont également aux achats », rapporte le spécialiste des marchés Agritel. L’Arabie Saoudite et l’Ethiopie affirment aussi avoir acheté respectivement 860 000 t et 600 000 t de blé meunier, tandis que la Corée du Sud importerait 288 000 t de maïs.
Par ailleurs, les fonds sont redevenus nets acheteurs. Aussi, les cours des céréales ont regagné une grande partie du terrain perdu il y a une dizaine de jours. Le prix de la tonne de blé s’est stabilisé autour de 208 €.
Mais les céréaliers français ne profitent que partiellement de la fermeté des cours car notre pays n’est pas en mesure de répondre aux demandes des pays importateurs, comme l’an passé.
Seule 1,5 Mt a été exportée vers les pays tiers (602 000 t en Chine) et 1,34 Mt au sein de l’Union européenne depuis le mois de juillet dernier, selon France Export Céréales. Pour les orges, les volumes portent respectivement sur 953 000 t et 609 000 t. Mais au cours des 9 premiers mois de l’année civile, le solde commercial reste cependant supérieur à celui de l’an passé (5,1 Mds d’€ contre 4 ,7 Mds d’€) car il porte en partie sur les exportations abondantes de la campagne 2019-2020.
Sans surprise, l’Union européenne affiche aussi de piètres performances depuis le mois de juillet. Le 8 novembre dernier, 7,84 Mt de blé (- 24 % par rapport à l’an passé à la même période) et 2,90 Mt d’orges (- 7 %) ont été exportées vers des pays tiers selon la Commission européenne.