Les betteraves ne grossissent pas. Les plantes sont affaiblies par le virus et les pluies font même diminuer les richesses en sucre, qui se stabilisent en moyenne à 17,4 °S fin octobre. Les perspectives, qui n’étaient déjà pas bonnes au début de la campagne, se dégradent encore. L’ITB prévoyait une baisse de rendement de 17 % pour atteindre 72 t/ha. Ce pourrait être encore pire !
Les premiers résultats (28 % des betteraves étaient réceptionnées le 25 octobre) montrent un rendement moyen de 61,3 t/ha à 16 °S, soit une baisse de 25 % par rapport aux 81,5 t/ha à 16 °S en moyenne pour les cinq dernières années à la même date, selon la CGB. Ce chiffre a traditionnellement tendance à augmenter au fur et à mesure que la campagne progresse, mais la barre des 70 t/ha semble d’ores et déjà inaccessible. On devrait plutôt égaler le chiffre de 1998, quand la France avait fait 68 t/ha.
Certaines régions résistent, comme la Seine-Maritime, les Hauts-de-France et l’Alsace, mais, là aussi, on observe une grande hétérogénéité. C’est le cas de la zone d’Erstein, avec des rendements variant de 37 à 115 t/ha à 16 °S.
Grande hétérogénéité
« En Seine-Maritime, les rendements sont au-dessous de l’objectif de l’usine de Fontaine-le-Dun début septembre. La jaunisse touche 35 % des surfaces, note Alexandre Metais de l’ITB. Le rendement a du mal à progresser au cours de la campagne, sans doute à cause de la mauvaise santé des plantes atteintes par la jaunisse et de la repousse des feuilles suite à la sécheresse. »
Le Nord-Pas-de-Calais est la deuxième région en termes de rendement, mais « beaucoup de planteurs sont quand même déçus, explique Vincent Delannoy, de l’ITB. Certes, les betteraves ont été relativement épargnées par la jaunisse, mais la richesse n’évolue pas. Elle s’est même effondrée avec le retour des pluies fin août-début septembre, qui a libéré beaucoup d’azote. Toute la zone côtière revit, comme l’année dernière, un épisode pluvieux important, qui commence à poser des problèmes pour les chantiers d’arrachage. »
En Île-de-France, les résultats sont très disparates et souvent catastrophiques, car seulement 10 à 15 % des surfaces betteravières sont irriguées en Seine-et-Marne, dans les Yvelines et dans l’Essonne. Pour le Val-d’Oise, il n’y a quasiment pas d’irrigation.
Dans le Centre, les planteurs à 40 à 50 t/ha font partie de ceux qui peuvent irriguer (cela concerne 75 % des surfaces). Les agriculteurs qui ne peuvent pas le faire obtiennent plutôt 30 t/ha.
Dans ces régions, 100 % des parcelles sont frappées par la jaunisse, les rendements descendent jusqu’à 15 à 20 t/ha.
Dans le Nord-Est, « le rapport entre les bonnes et les mauvaises parcelles va de un à deux, voire de un à trois pour l’Aube. Les richesses en sucre ont chuté suite à l’arrivée des pluies. Les conditions d’arrachage deviennent délicates », selon Pascal Amette de l’ITB.
Face à ces perspectives de rendement revues à la baisse, les fabricants anticipent des durées de campagne plus courtes.