Le seuil de traitement dépassé dans de nombreuses parcelles
Dans la lutte contre les pucerons verts, le seuil de traitement est fixé à 10 % de betteraves atteintes. Or, cette année, dans de nombreuses parcelles, ce seuil a été dépassé dès la levée des betteraves (voir photo ci-dessus).
Sur un essai ITB mené dans l’Aisne, la réduction du nombre de betteraves avec au moins un puceron vert est significative une semaine après le traitement (figure 1). Néanmoins, aucun n’a permis de passer sous le seuil de 10 % de plantes colonisées. Deux semaines après l’intervention, 100 % des betteraves sont porteuses d’au moins un aptère vert.
Dans un essai réalisé dans le département du Loiret, représentatif des régions betteravières les plus au sud, la pression de pucerons a été extrêmement forte au printemps 2020 (figure 2). La fréquence des plantes touchées est restée proche de 100 %, quels que soient les traitements effectués. Le jour de l’application de l’aphicide, le 27 avril, le nombre de pucerons est très élevé (supérieur à dix par plante). Il diminue significativement après intervention, mais on compte toujours, en moyenne, un puceron par betterave, soit un niveau dix fois supérieur au seuil.
En raison d’une invasion massive et précoce de pucerons verts, les traitements n’ont pu être possibles que lorsque les populations étaient déjà bien au-delà des seuils. Cela a provoqué un développement généralisé de la jaunisse, malgré parfois trois passages aphicides.
Une quantité de pucerons verts moins élevée dans le Nord-Pas-de-Calais
Un essai effectué dans le Nord-Pas-de-Calais, région de moindre pression, a montré que les aphicides avaient réduit l’impact de la jaunisse. Avec une intervention unique au seuil, l’impact de la jaunisse est évalué à 3 %, contre 12,5 % pour le témoin non traité. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus dans cette même région en 2019 (voir page 26 du Betteravier français, daté du 10 décembre 2019).
Quels enseignements pour 2020 ?
Les essais mis en place dans les différentes régions françaises permettent de comprendre les difficultés des agriculteurs à gérer les invasions de pucerons verts. Les aphicides ont permis de diminuer le nombre de pucerons verts, mais de nombreuses parcelles sont restées au-dessus du seuil de traitement. Lorsque cela a été possible, une intervention au seuil a permis, avec les produits Teppeki et Movento, de réduire la jaunisse (essai dans le Nord-Pas-de-Calais). Les passages à deux feuilles n’ont pas révélé de différences d’efficacité entre ces deux produits dans les conditions climatiques “ chaudes” qui ont caractérisé le début du printemps 2020. En revanche, les traitements à base de pyrèthres et de carbamates ne permettent pas d’abaisser la population de pucerons, et ce quel que soit le niveau de départ.
Le plan (PNRI) vise à renforcer les efforts de recherche et d’innovation pour apporter des solutions opérationnelles aux agriculteurs. Il bénéficie d’un financement public de 7 millions d’euros afin d’élaborer de nouvelles stratégies de lutte contre la jaunisse à échéance 3 ans. L’Inrae en assure la responsabilité scientifique et l’ITB, la gestion fonctionnelle.
Le plan s’articulera autour de quatre axes :
• Le premier porte sur la compréhension du risque sanitaire. Il vise à mieux comprendre le pathosystème puceron/virus/betterave, les conditions climatiques et de culture favorables aux pressions pucerons et jaunisse, et à mieux contrôler les réservoirs viraux.
• Le deuxième concerne les solutions à l’échelle de la culture : conduite culturale, évaluation de nouveaux aphicides, produits de biocontrôle et résistance génétique seront privilégiés. Des éliciteurs, pour limiter la multiplication du virus dans la plante ou la capacité de transmission des virus par le puceron, seront également étudiés.
• Le troisième a trait aux solutions à l’échelle du système de culture et du territoire : aménagements parcellaires favorables à la régulation biologique par les auxiliaires, impacts des cultures voisines et des mosaïques paysagères. Pour tous ces travaux, les expérimentations seront menées directement chez des agriculteurs volontaires.
• Le quatrième relève de l’évaluation financière des solutions techniques proposées, afin de garantir un modèle économique durable pour l’ensemble des acteurs de la filière.