Diversification de la rotation
Les exploitations betteravières ont un assolement constitué en moyenne de cinq autres cultures, dont 30 % de cultures de printemps.
De plus, le nombre moyen d’années entre deux cultures de betteraves sur une même parcelle est de 3,4 ans, avec plus de cent successions culturales différentes existant entre ces deux betteraves.
L’intégration d’une culture de printemps, telle que la betterave, dans une rotation présente plusieurs avantages détaillés dans l’article “Atouts de la betterave dans les rotations culturales”, de la Technique Betteravière n° 1110, du 28 avril 2020.
Une meilleure préservation du sol
Les techniques culturales sans labour continuent de se développer dans une logique de simplification du travail du sol. Depuis vingt ans, les surfaces en non-labour ont augmenté de 5 à 20 %, ce qui peut contribuer à limiter l’érosion et à diminuer la consommation énergétique.
De plus, les cultures intermédiaires implantées avant betteraves sur 85 % des surfaces permettent de réduire la durée de sol nu, qui a déjà été écourtée d’environ cinquante jours depuis le début des années 2000.
Par ailleurs, les feuilles laissées au sol après la récolte des betteraves permettent de restituer des éléments minéraux (azote, phosphore et potasse) et contribuent au stockage de carbone dans le sol.
Une culture qui utilise de moins en moins d’intrants fertilisants
Depuis trente ans, l’utilisation de fertilisants minéraux a diminué d’un tiers pour les engrais minéraux azotés, et de 70 % pour les engrais phosphatés et potassiques. Cette baisse est liée à :
1) une généralisation des méthodes d’ajustement des doses à la parcelle
• En effet, entre 50 et 60 % des agriculteurs réalisent une mesure d’azote dans le sol, appelée reliquat azoté. Cette mesure quantifie l’azote minéral présent avant le semis, et permet donc d’adapter les doses à apporter aux betteraves.
• De plus, une analyse de la terre est effectuée sur 48 % des surfaces (+ 8 % depuis onze ans). Elle permet de déterminer les quantités disponibles en éléments phosphate, potassium, magnésium et bore dans le sol, ainsi que le statut acido-basique de ce dernier et sa teneur en matière organique.
2) un gain en précision des outils de conseil et une meilleure maîtrise des conditions d’application des fertilisants minéraux
• Les modalités d’apport se sont affinées : aujourd’hui, 8 à 10 % des surfaces betteravières reçoivent un apport d’azote localisé au semis. Ce mode de fertilisation permet de réduire les doses apportées et, surtout, évite toute perte d’azote ammoniacal vers l’atmosphère.
• Les apports de fertilisants organiques (fumiers, composts…) sont valorisés, ce qui permet de recycler ces produits et de limiter, par la suite, les applications d’engrais de synthèse au champ. Aujourd’hui, 60 % des surfaces reçoivent ces matières organiques. Les effluents, ainsi que les coproduits de la fabrication du sucre et de l’éthanol, sont rapportés aux parcelles, des pratiques qui répondent au principe de l’économie circulaire.
• Plus de 85 % des surfaces sont couvertes par une culture intermédiaire à l’automne, afin de piéger l’azote du sol et d’éviter les transferts d’azote vers les nappes phréatiques. Parmi ces cultures intermédiaires, les légumineuses permettent de capter l’azote de l’air et de le restituer au sol pour limiter l’apport en azote. Actuellement, une culture intermédiaire légumineuse est implantée sur 22 % des surfaces betteravières entre la culture précédente et la betterave.
Une culture qui utilise de moins en moins d’intrants phytosanitaires
Depuis vingt ans, le recours aux intrants phytosanitaires est en nette baisse, de l’ordre de moins 80 g/ha/an. Celle-ci est liée :
• au développement et à l’utilisation de variétés résistantes aux maladies. Celles-ci ont permis des progrès considérables dans la lutte contre certains bioagresseurs. À l’heure actuelle, 40 % des agriculteurs utilisent des variétés tolérantes aux maladies fongiques et cette proportion augmente chaque année.
• à une diminution des destructions chimiques des couverts d’interculture avant betteraves. Les agriculteurs favorisent la destruction mécanique (deux fois plus qu’il y a deux décennies), ce qui a contribué à réduire, en particulier, l’utilisation du glyphosate.
• à une meilleure gestion des adventices : les interventions chimiques de pré-levée ont été divisées par deux en vingt ans. De plus, le désherbage mécanique est plus répandu. Plus d’un tiers des surfaces betteravières sont désherbées en partie mécaniquement (contre 7 % pour l’ensemble des grandes cultures).
• à un renforcement des dispositifs d’épidémiosurveillance. Depuis 2009 jusqu’à cette année, plus de 3 000 parcelles ont été suivies chaque semaine. Les résultats sont transmis soit via le BSV (Bulletin de santé du végétal), soit via des cartographies d’alerte diffusées par l’ITB.
Les évolutions des pratiques des agriculteurs sont analysées dans le cadre de l’observatoire Beta’Stat. Les données récoltées depuis 1997 permettent d’identifier les tendances sur l’ensemble de l’itinéraire technique, grâce au volontariat des betteraviers. L’outil de saisie est accessible depuis le site Internet de l’ITB, rubrique “Outils & services”.