Pourquoi ne pas essayer la charrue mixte, à la fois outil classique et de déchaumage, qui peut induire de substantielles économies de carburant ? Depuis bientôt deux ans, Demblon ne cesse d’en vanter les mérites. Applicable à tous ses modèles ayant de quatre à sept corps, la mixité permet de réaliser des labours à faible profondeur ou de type agronomique – de 13 à 15 cm –, et de revenir, si besoin, en profondeur de labour classique par un simple réglage. Le dispositif se caractérise par un dégagement large entre les corps cylindro-hélicoïdaux – de 92 à 100 cm –, qui évite les bourrages. Il est pourvu d’une rasette et d’un versoir conçus pour répartir de façon homogène la matière organique. « Elle ne doit en aucun cas être plaquée au fond de la raie, insiste Yannick Hirsch, chef de projet chez Demblon. La charrue l’enfouit mélangée avec de la terre, sous la forme d’un matelas de 3 à 4 cm d’épaisseur, qu’elle place sur toute la largeur du sillon. » Le constructeur de Soissons (Aisne) précise qu’il n’y a ni sol creux, ni lissage du fond de raie, en raison de la position d’attaque des corps qui limite les surfaces de frottement. Les avantages d’une charrue mixte, outre qu’elle ne dilue pas la matière organique sur une profondeur importante, se situent dans « une meilleure dégradation des résidus végétaux et une bonne pénétration de l’eau », observe Yannick Hirsch. De fait, la matière organique est conservée dans l’horizon supérieur du sol, où elle peut profiter d’une grande activité biologique. Sans parler des économies réalisables avec cette technique : « Dans le cas d’un couvert végétal, la charrue le détruit, l’enfouit et prépare le sol, suivie aussitôt par un semoir qui implante la culture. Il n’y a pas eu de broyage et, à faible profondeur, l’outil n’a pas demandé beaucoup de puissance au tracteur. » Demblon configure en charrue mixte l’ensemble de ses modèles portés, que leur sécurité s’effectue par boulon de cisaillement (TC), boulon d’étirement (TB), déclenchement mécanique (TX) ou qu’elle soit non-stop hydraulique (T 275 NSH).
Juwel 10, classique et costaud
Parangon du classicisme germanique dans le labour, la Juwel de Lemken – six modèles portés réversibles, sans parler des options – traverse les âges avec toujours un petit quelque chose en plus. Son ultime évolution date de la Juwel 10 en 2019, donnée pour la plus puissante – jusqu’à sept corps – de la série, conçue pour les gros tracteurs (450 ch maximum) et les conditions de travail les plus dures. Il s’agit d’une machine musclée qui, selon le constructeur allemand, peut même se substituer à une charrue semi-portée plus complexe. Lemken précise que sa version hors-raie peut opérer avec des tracteurs de 4 m (largeur hors-tout), chaussés de pneus larges ou de chenilles. Tout est costaud sur la Juwel 10. Le châssis a une dimension de 160 x 160 mm et l’axe de rotation, un diamètre de 130 mm. Idem pour les points d’attelage des bras supérieurs et inférieurs. En effet, un vérin amortisseur dans la tête de la charrue réduit la charge sur le tracteur et protège les composants de l’attelage. Dans sa déclinaison OF, l’engin peut travailler aussi bien dans le sillon qu’en mode hors-raie. De surcroît, le système de pivotement est conçu pour qu’une distance suffisante soit maintenue par rapport au bord du sillon. Lemken souligne que dans des conditions humides, lorsque la surface du sol n’autorise plus un transfert correct de la force de traction, la Juwel 10 OF est convertible en un outil qui laboure dans le sillon. Concernant le réglage hydraulique de l’inclinaison de la charrue, commandé depuis la cabine du tracteur, la Juwel 10, comme la 8, est disponible avec un système de retournement à mémoire. Elle peut même être associée, pour le rappuyage, à un rouleau intégré, qui s’adapte automatiquement à la largeur de travail.
Dans le Vimeux (Somme), Rudy Cuvilliers laboure depuis 2013 ses parcelles de betteraves, blé, orge, maïs, lin textile et pois avec une Juwel 7 à cinq socs. Tout irait encore mieux dans le meilleur des mondes si cette machine qui réalise un « beau labour », de l’aveu de l’agriculteur, ne souffrait d’un aplomb soumis à un capteur fantaisiste. « L’électronique de la charrue déraille et je regrette de ne pas avoir la nouvelle Juwel, qui règle l’inclinaison avec une molette », résume Rudy Cuvilliers. Ce problème mis à part, la Juwel 7 – une varilarge avec une roue hydraulique – opère sans difficulté à 18-20 cm de profondeur dans une terre limoneuse : « Elle n’est pas très lourde et mon John Deere de 140 ch suffit pour la tirer. » Outre le poids raisonnable de ce modèle, le cultivateur apprécie la grande longueur de ses versoirs, sa relative aisance pendant les phases de transport et le réglage hydraulique de la largeur du labour depuis la cabine du tracteur. Cette charrue est également équipée de « pièces d’usure qui se changent facilement », poursuit Rudy Cuvilliers. Cette année, « pour remettre du sec en surface », elle va beaucoup tourner dans des sols humides, suivie, un quart d’heure plus tard, par le semoir d’implantation de la nouvelle culture.