« Avec des couverts implantés entre octobre et mai, le but est de limiter l’impact sur l’environnement et les coûts de protection, tout en maximisant la biomasse récoltée », résume Charlotte Journel, ingénieure chez AgroTransfert. Les Cive (Cultures intermédiaires à vocation énergétique) longues, dites aussi Cive d’hiver, testées dans les Hauts-de-France en 2019, se composent en majorité de céréales, semées seules ou en mélange avec une légumineuse. Implantées à l’automne, elles sont récoltées immatures, de fin avril à fin mai. Pour obtenir une biomasse importante, la date de semis et, surtout, la période de récolte s’avèrent déterminantes. Sur ces deux plans, la dernière campagne n’a pas été des plus faciles.
La récolte tardive avantagée
L’année dernière, dans les essais réalisés par AgroTransfert avec la chambre d’agriculture de la Somme, les semis des Cive ont souvent été retardés par la météo automnale. « Même semés tard – le 25 novembre –, puis ayant subi un stress hydrique au printemps, les couverts ont produit de la biomasse. Malgré tout, nous avons récolté de 5 à 7 tonnes de MS/ha », explique Arthur Quennesson, ingénieur chez AgroTransfert. Sous le climat de l’Oise, plus favorable, les couverts ont fourni 6 tonnes de MS/ha pour une récolte début mai et jusqu’à 12 tonnes de MS/ha début juin. Selon AgroTransfert, le décalage de la fauche de fin avril à mi-mai permet un gain moyen de 3 tonnes de MS/ha, car le rendement en biomasse augmente avec la longueur du cycle de la Cive. Évidemment, cette date de récolte ne doit pas pénaliser la culture alimentaire suivante.
Miser sur des espèces solides
Les plateformes de Cive d’hiver dans l’Oise et l’Aisne, en 2019-20, ont démontré l’intérêt des seigles lignées pour la biomasse, ceux-ci ayant une végétation plus haute que les seigles hybrides. Quant au triticale, il a donné un rendement en biomasse quasi identique à celui du seigle, en se montrant moins sensible à la verse. L’escourgeon et le blé sont plus tardifs et s’avèrent un peu moins intéressants pour la biomasse. Le premier est sensible aux maladies, tandis que le second a des besoins nutritifs élevés. Les mélanges ont, eux aussi, été observés, comme le duo seigle-vesce velue, dans lequel la légumineuse a eu du mal à se développer. L’association triticale-pois fourrager s’est bien comportée, le pois ayant, toutefois, pris le pas sur la céréale. Enfin, concernant le pouvoir méthanogène de la Cive, l’important est de récolter la céréale autour du stade épiaison. Selon AgroTransfert, le choix de l’espèce aurait, au final, assez peu d’influence.