La protection de la pomme de terre lors de son transport est une affaire sérieuse. « Nous avons adapté nos bennes à ces spécificités avec des systèmes qui permettent à la fois un chargement progressif et le placement d’un volume supérieur de produit », affirme Gautier Lécureux, qui dirige La Campagne. Le constructeur propose des bennes de 15 à 40 m3 qui conviennent aux pommes de terre – de 21 à 32 t de poids total autorisé en charge (PTAC) ; de 14 à 24 t de charge utile (CU). L’entreprise installée à Campagne-lès-Hesdin (Pas-de-Calais) équipe de rehausses hydrauliques (de 30 à 60 cm), sur un ou deux côtés, ses bennes avec deux ou trois essieux. Les rehausses montent et descendent à l’intérieur de la caisse. C’est la garantie d’une bonne étanchéité si l’on fait du transport de grain avec le même outil. En complément, « nous insistons beaucoup sur l’importance du choix des pneumatiques. Selon que la benne ira ou non sur la route, ou bien restera dans la parcelle derrière l’arracheuse. Ça nous paraît plus déterminant que la puissance du tracteur et le poids à tirer », souligne Gautier Lécureux. En parallèle, pour un plateau (semi-porté de 12 m, 25 t de CU), La Campagne dispose d’un système de verrouillage amovible des palox (également adapté aux balles de fourrage), qui met fin à l’utilisation de sangles. Il se compose d’un mât de type chariot élévateur avec trois vérins et d’un toit en acier galvanisé. Le plateau, qui peut aussi être bâché, est sans poteaux (facilité de chargement) et le dispositif s’abaisse pour un déplacement à vide.
Hauteur de chute
La Littorale détient sa solution pour réduire la hauteur de chute des pommes de terre au chargement. « Ce sont les cinq premiers mètres cubes qui comptent », remarque Didier Carouge, à la tête de l’entreprise. « La caisse de la benne – dans la gamme Concept avec 25 t de CU et un intérieur lisse – est en deux parties. Avec la possibilité pour l’avant de s’affaisser ou de descendre de 90 cm ». À côté de ce dispositif, le constructeur, lui aussi installé dans le Pas-de-Calais, à Buire-le-Sec, lance depuis quelque temps – il ne s’agit pas encore d’une fabrication en série – un système de rehausses télescopiques. « Il s’adapte à des outils de 32 à 45-50 m3 – PTAC de 32 t et CU de 25 t – dont nous voulons faire varier le volume », affirme Didier Carouge. En même temps, La Littorale croit dans les bennes légères pour une raison simple : « Nous sommes toujours sous le régime des 40 tonnes total roulant. Aussi, un tracteur de 7 ou 8 t suffit pour tirer nos bennes », ajoute-t-il. D’où le recours à un châssis monopoutre. « Les bielles du train roulant ne sont jamais gênées par le châssis puisqu’elles sont à l’extérieur par rapport à lui. Elles oscillent librement. Alors que dans une configuration classique elles se trouvent en butée avec pour conséquence une compression du ressort et une charge plus importante sur la roue », détaille Didier Carouge. Selon le constructeur, les bennes au châssis monopoutre chargent 3 t de plus. Ce qui représente un gain de 13 à 15 %. Soit autant de gagné en coût et en temps de transport du produit.
Plateau à trois essieux
À Guingamp (Côtes-d’Armor), Chevance a aussi quelques idées pour transporter les pommes de terre sans les abîmer. Bruno Chevance, le dirigeant de l’entreprise, estime qu’il a été parmi les premiers, sinon le premier, à développer un plateau doté de trois essieux offrant, au maximum, 32 t de PTAC et 24 t de CU. En réalité, un plateau semi-porté accroché au tracteur sans train avant (essieu), à la différence d’un plateau traîné que Chevance construit aussi, mais aux PTAC et CU inférieurs (26 et 21 t). Ce plateau semi-porté au nom prédestiné (Koloss), conçu pour transporter des palox et des charges lourdes, offre « un report de charge meilleur sur l’ensemble tracteur-plateau et le tracteur montre une bonne adhérence au sol », observe Bruno Chevance. Tout y est renforcé : structure, traverses de fond rapprochées et passages de roue. Les modèles Tridem bénéficient, de série, d’un essieu arrière suiveur. Le Koloss mesure 12 m de longueur (modèle le plus long) et 2,44 m de largeur intérieure (2,54 m extérieure). Son PTAC commence à 21 t (18,20 t de CU) pour une longueur de 9 m. Deux Tandem font partie de la gamme (24 et 25 t de PTAC, 21 et 22 t de CU, 10 m de longueur). Pour ses bennes des gammes First et Welter, le constructeur breton propose un hamac en toile qui, placé à mi-hauteur de la caisse sur un tiers de sa surface, amortit la chute des pommes de terre. Le hamac est crocheté à 50 cm du fond de la caisse dans sa partie avant. De plus, Chevance peut monter des rehausses hydrauliques (de 30 à 50 cm) en acier, alimentées par un distributeur du tracteur, sur toute la longueur de la caisse. Enfin, il est possible de protéger le chargement de la benne avec une bâche en toile dotée d’un enrouleur, un équipement « obligatoire en Belgique », rappelle Bruno Chevance. La série des First réunit des modèles de 14 à 32 t de PTAC (CU de 11 à 24 t). Celle des Welter, de 24 à 32 t de PTAC (CU de 18 à 24 t).