Les difficultés à la levée, la sécheresse et la jaunisse ont compliqué la tâche des producteurs de betterave biologique pour la maîtrise du désherbage.
Des doubles levées empêchant les interventions précoces
L’ITB conseille d’intervenir mécaniquement le plus tôt possible, avec une approche moins prudentielle qu’en conventionnel, où le désherbage mécanique se fait le relais de premiers passages chimiques. Des interventions de binage avec moulinets ou de herse étrille avec réglage de pression peuvent être considérées, selon les conditions, dès le stade deux feuilles des betteraves.
Cependant, avec un printemps 2020 sec dans certaines régions (sud de Paris, Aisne…), de nombreuses parcelles se sont retrouvées avec des situations de doubles levées. Ceci a empêché la réalisation des premières interventions dans le rang, dont le résultat est crucial.
La réussite de l’implantation et de l’obtention d’une levée homogène, à la suite d’interventions de faux semis, ressort comme indispensable pour maîtriser le désherbage. Une mauvaise levée engendre nécessairement un échec du désherbage en production biologique, ou bien un recours massif au désherbage manuel, remettant en question la rentabilité de la culture.
Pour pallier cela, de nombreux agriculteurs betteraviers équipés pour l’irrigation réalisent un tour d’eau avant ou après le semis, afin d’assurer une levée homogène.
Le recours au désherbage manuel
Dans des situations de semis classique, le recours au désherbage manuel est presque systématiquement indispensable pour obtenir une maîtrise du désherbage satisfaisante et éviter, à terme, un salissement des parcelles. Il peut varier de quelques dizaines d’heures à plus d’une centaine d’heures à l’hectare. Il est conseillé de l’effectuer autour des stades six à dix feuilles : le réaliser trop tôt, c’est prendre le risque de voir la parcelle se resalir, le réaliser trop tard rend le travail difficile et plus chronophage (adventices plus développées, feuilles de betteraves gênantes). La réussite du désherbage mécanique conditionne fortement le temps de main-d’œuvre nécessaire.
Le choix opéré par certains producteurs de betteraves bio de ne recourir en aucun cas au désherbage manuel a conduit, cette année, à des parcelles très sales, avec un potentiel de production très faible.
Des essais prospectifs conduits par l’ITB et des partenaires (Cristal Union, Tereos, Saint Louis Sucre…) tentent de réduire, voire de supprimer le désherbage manuel. Le repiquage de plants serait la principale piste pour s’en dispenser totalement. Cependant, l’intérêt économique de cette technique reste à démontrer. Du semis permettant un binage perpendiculaire à la direction de semis est aussi expérimenté afin d’écourter le désherbage manuel. L’enjeu économique est fort, tout comme celui de l’accès à la main-d’œuvre, pas toujours disponible.
Des conditions favorables pour un re-salissement
La difficulté pour certaines parcelles d’atteindre le stade couverture dans des régions frappées par la sécheresse et le développement important de la jaunisse a entraîné un re-salissement des parcelles. Dans de telles situations, l’impact sur le rendement est légèrement moindre, mais les adventices contribuent au stock semencier de la parcelle.
L’ITB a récemment publié sur son site Internet le guide Produire de la betterave sucrière bio . Il s’adresse à tous les acteurs de la filière intéressés par le sujet de la production biologique.
Ce guide fait référence, grâce à un système de QR Codes, à des articles publiés sur le site Internet qui donnent les principaux conseils de l’ITB concernant la production biologique et relatent les travaux en cours. Ils traitent des thèmes suivants : la fertilisation et le travail du sol, l’implantation, le désherbage mécanique, la gestion des bioagresseurs. Ces articles seront mis à jour au fur et à mesure de l’avancée des recherches.
L’Institut technique de la betterave, la chambre d’agriculture de Normandie et Saint Louis-Sucre s’associent pour la conduite d’un projet sur la production biologique de betterave sucrière, et ce pour une durée de trois ans. Soumis à un appel à projets dans le cadre du Partenariat européen pour l’innovation (PEI), BetterBio a récemment été accepté. Il bénéficiera de financements de l’Union européenne et de la région Normandie.
Ce projet vise à produire des connaissances techniques grâce à la mise en place d’une plateforme expérimentale pluriannuelle. La principale thématique de travail est la maîtrise du désherbage, mais d’autres aspects sont également traités, comme la gestion des maladies foliaires et la performance variétale.
Un volet d’échange et de diffusion des enseignements techniques acquis dans le cadre de ce projet est mis en œuvre. Des visites de la plateforme expérimentale seront organisées afin de présenter les travaux conduits. La finalité du projet est d’appuyer le développement local d’une nouvelle filière de production.