C’est parti pour la Haute valeur environnementale (HVE) dans le secteur betterave-sucre. Le groupe sucrier Tereos a décidé de se lancer dans la production de sucre issu de betteraves certifiées HVE, avec quinze associés coopérateurs de la région Centre-Val de Loire, déjà engagés dans cette démarche. Pour cette première campagne qualifiée de « pilote » par le groupe, environ 420 hectares de betteraves HVE viennent d’être récoltés. Elles seront transformées sur le site d’Artenay (Loiret) au démarrage de la sucrerie pour ne pas être mélangées aux betteraves conventionnelles. « Après réflexion, nous avons décidé de traiter les betteraves HVE en début de campagne, car Artenay est un gros site. C’est plus facile pour séparer les flux que d’arrêter le site en milieu de campagne », a expliqué le 22 septembre, Olivier Legrand, le président de la région sud de Paris de Tereos, lors de la présentation de la démarche à Lumeau (Eure-et-Loir).
Troisième voie
Pour le groupe sucrier, il s’agit d’une nouvelle voie qui va se situer entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique : celle de l’agriculture HVE. Dès le printemps 2021, du sucre de betteraves HVE à la marque Béghin Say sera commercialisé en grandes surfaces aux côtés du sucre bio de betteraves Béghin Say 100 % français. Il sera également proposé en B to B aux industriels. « Nous sommes en train de réaliser un travail de pédagogie pour expliquer à nos clients industriels et distributeurs ce que signifie la HVE », a souligné Pauline Hien, chef de projet « initiatives agricoles durables » chez Tereos. Le label officiel HVE devrait être apposé sur les emballages.
Une meilleure rémunération attendue
Soutenue par le gouvernement*, la HVE est le niveau trois et le plus haut de la Certification environnementale, née du Grenelle de l’environnement. Elle repose sur 4 piliers que sont la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la fertilisation et la gestion de l’eau. Portant sur l’ensemble de l’exploitation agricole, cette certification reconnaît les efforts des agriculteurs en matière de transition agroécologique. Elle est censée aussi amener une meilleure rémunération aux producteurs. « Les coûts de production sont supérieurs de 15 à 20 % en moyenne par rapport au conventionnel, notamment à cause du désherbage mécanique et de l’achat de nouveaux matériels », précise Pascal Chenu, agriculteur installé à Lumeau, dont l’exploitation est certifiée HVE depuis septembre 2019. « Nous allons récompenser les agriculteurs, a promis Jean-Charles Lefebvre, le président de Tereos, mais nous sommes en train de sonder le marché pour l’instant. C’est lui qui décidera ». Après cette phase pilote, le groupe a l’ambition de proposer cette démarche dès la campagne 2021-22 sur l’ensemble de ses zones d’approvisionnement selon l’évolution des marchés. Un recensement devrait être lancé prochainement par le groupe auprès de ses adhérents pour savoir quels sont ceux qui souhaitent s’engager dans la démarche.
*Dans le cadre du volet “Transition agricole, alimentation et forêt” du plan de relance du gouvernement, un dispositif est prévu pour accompagner les agriculteurs qui souhaitent se lancer dans la HVE, avec un crédit d’impôt. Les modalités précises restent encore à définir.