Le 15 septembre, la tonne de maïs valait 165 € sur le marché de Bordeaux, tandis que la production mondiale de maïs était revue de nouveau à la baisse. Dans son dernier rapport, l’USDA l’estime à 1 162 millions de tonnes (Mt), en hausse de 50 Mt sur un an. Or, en juin dernier, l’organisme américain tablait sur 1 188 Mt (+ 75 Mt sur un an), car les États-Unis annonçaient récolter 460 Mt. Depuis, la production étasunienne n’a cessé d’être réajustée à la baisse mois après mois. Elle est dorénavant évaluée à 378 Mt par l’USDA, soit 23 Mt de plus que la récolte 2019-2020.
Plusieurs facteurs expliquent ces rééquilibrages mensuels. Tout d’abord, 34 millions d’hectares (Mha) ont été cultivés en maïs, soit 2 Mha de moins que la surface annoncée au printemps dernier. Les États-Unis font aussi partie des régions du globe affectées par un déficit hydrique important durant le cycle de développement du maïs. Par ailleurs, une tempête survenue en Iowa a ravagé quelque 3,3 Mha.
Une production européenne stable
Cette année, le reste du monde produira 27 Mt de grains en plus, récoltées au Mexique (+ 3 Mt), en Ukraine (+ 3 Mt), mais aussi en Russie et au Canada. Toutefois, l’USDA surévaluerait la production ukrainienne de maïs (38 Mt), selon Agritel, le spécialiste de la gestion des risques.
L’Union européenne produirait quasiment la même quantité de grains que l’an passé (66,3 Mt contre 66,7 Mt) avec un rendement moyen de 7,83 t/ha, selon le bulletin JRC Mars de la Commission européenne. La Roumanie ne récolterait que 11,6 Mt, et non 15 à 16 Mt.
Toutefois, la production mondiale de maïs (1 162 Mt) serait, pour la première fois depuis cinq ans, suffisante pour approvisionner les marchés sans avoir à puiser dans les stocks de réserve pour faire face aux besoins des pays consommateurs. Or, celle-ci croît de manière continue (+ 40 Mt en 2020-2021).
Les 50 Mt de maïs supplémentaires récoltées cette année rééquilibreraient l’offre déficitaire de 10 Mt de la campagne précédente et permettraient de transformer 40 Mt de plus qu’en 2019 en aliments et en bioéthanol. La Chine reconstitue son élevage porcin et le Brésil, qui affiche des visées expansionnistes sur le marché de la viande bovine, utiliserait davantage de grains pour nourrir les animaux, selon l’USDA.
L’Union européenne ne serait pas en reste. Avec des besoins de 88,5 Mt (+ 7 Mt sur an), elle importerait 25 Mt (+ 5,5 Mt).
Finalement, c’est la production mondiale de blé, de nouveau excédentaire de 24 Mt, qui déséquilibrera l’offre de céréales en 2020. Les stocks de blé augmenteraient de 20 Mt (+ 35 Mt sur deux ans, + 8 Mt hors Chine), tandis que les stocks d’orge demeureraient stables (21 Mt).
Une campagne à vingt-sept
L’USDA estime dorénavant à 770 Mt la production mondiale de blé. Le Canada (36 Mt) et l’Australie (28,5 Mt) récolteraient 4,5 Mt de grains de plus qu’annoncé le mois dernier. Mais la récolte russe, évaluée à 78 Mt, pourrait être supérieure de 2 à 3 Mt, selon Agritel.
En Europe, selon les estimations de la Commission, la production de céréales des vingt-sept pays membres (hors Royaume-Uni) serait de 279 Mt : 114 Mt de blé, 54 Mt d’orge, 70 Mt de maïs et 7 Mt de blé dur. Comparées à la campagne céréalière 2019-2020, ces productions diminueraient de 18 Mt : 17 Mt pour le blé et 1 Mt pour l’orge.
Mais les céréales françaises et européennes s’exportent mal. Depuis le 1er juillet dernier, seules 709 000 t de blé (1,32 Mt un an plus tôt) et 682 000 t d’orge ont été expédiées vers des pays tiers (relevé en semaine 10).
D’ici la fin de la campagne, les ventes de céréales seraient en baisse de 2,2 Mds d’euros par rapport à 2019-2020, selon l’AGPB.
Une partie des marchés nord-africains échappe à la France. A contrario, les pays baltes et la Pologne (11,5 Mt de blé produites, + 2 Mt sur deux ans) sont très offensifs dans cette région, mais aussi au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite projette, elle, d’acheter 750 000 t de blé d’origines diverses. Pourtant, le blé français est de bonne qualité, selon FranceAgriMer : 42 % du blé est « prémium » avec un taux de protéines supérieur à 11,5 %.