Des pucerons verts plus précoces que les pucerons noirs

Les premiers pucerons verts ont été observés le 15 avril, au stade cotylédons des betteraves. En moyenne dans l’ensemble des sites, on a noté leur présence dix-huit jours plus tôt que l’année dernière (figures 2 et 3).

Des infestations de pucerons verts plus importantes que celles de pucerons noirs

Les pucerons noirs sont apparus plus tardivement, en moyenne le 8 mai, soit légèrement plus tôt qu’en 2019, mais leur développement est resté très modeste.

Les pucerons verts, eux, ont touché 97 % des sites, contre 78 % en 2019 et moins de 25 % des parcelles les années précédentes (figure 1).

A contrario, les pucerons noirs ont été observés dans 88 % des sites cette année, contre 97 % l’an dernier, et 72 % avant 2018.

Des seuils d’intervention atteints plus tôt

Étant donné l’arrivée précoce des pucerons verts et leur infestation très importante dans les parcelles, les seuils d’intervention ont été atteints très rapidement, dès le 17 avril pour les parcelles les plus touchées.

De plus, 94 % des sites où les pucerons verts ont été observés ont atteint le seuil, contre 57 % en 2019 (figure 1).

Pour rappel, le seuil d’intervention est de 1 puceron vert aptère pour dix betteraves à partir du stade deux feuilles vraies.

Une arrivée des auxiliaires trop tardive pour limiter les infestations de pucerons verts

Les auxiliaires de la betterave sont arrivés avec beaucoup de décalage (figure 2). Dès la semaine 17 (soit à partir du 20 avril), 86 % des sites notaient la présence de pucerons verts, alors que les auxiliaires étaient observés uniquement dans 10 % d’entre eux. Au final, un décalage de cinq semaines a été noté entre le pic de pucerons verts et le pic d’auxiliaires.

Les coccinelles, auxiliaires principaux de la betterave

Les coccinelles sont principalement observées, quelles que soient les années (figure 3) : dans 93 % des sites en 2020, 80 % en 2019. Puis, selon les années, on retrouve un pic soit des syrphes (2020), soit des entomophthorales (2019). En 2021, les observations des auxiliaires vont être renforcées, avec le rajout, au moins, des araignées, un auxiliaire très généraliste mais très efficace, des téléphores ainsi que des hyménoptères parasitoïdes.

Faut-il sacraliser l’animal ?
©ITB

Faut-il sacraliser l’animal ?
©ITB

Une diminution naturelle des populations en fin de saison

Après plusieurs semaines de régulation, et avec une durée de vie des adultes de 120 jours maximum, les populations de pucerons finissent par diminuer en fin de saison, de même que les populations d’auxiliaires, ceux-ci n’ayant plus de proies.

Une présence de jaunisse très forte en 2020

Au vu de l’infestation extrêmement forte de pucerons verts, la jaunisse était sous haute surveillance cet été.

Les premières observations de la maladie ont été notées le 27 mai en région Centre, le 3 juin en Champagne et le 8 juin en Ile-de-France. En moyenne à l’échelle nationale, la jaunisse est arrivée deux mois plus tôt qu’en 2019.

Les infestations très importantes de cette année ont augmenté la charge virale, dont l’évolution dépendra, entre autres, des conditions hivernales, mais aussi des réservoirs.

Un observatoire de la jaunisse

Afin de comprendre les raisons de la présence exceptionnelle de la jaunisse, notamment dans des régions où elle était peu présente historiquement, l’ITB a mis en place un réseau de parcelles spécifique : l’évolution de la jaunisse est suivie, ainsi que les pratiques et des éléments paysagers pouvant éventuellement expliquer l’importance de l’infestation.

La surveillance des pucerons et les outils d’alerte

Expertise

Chaque semaine, les observateurs alimentent le réseau de surveillance des parcelles du Suivi biologique du territoire (SBT) pour déterminer la pression au cours de la campagne.
Ce réseau comprend plus de 300 parcelles, suivies par près de 150 observateurs.
Les données sont saisies dans l’outil Vigicultures©. Après validation, les animateurs régionaux synthétisent l’état sanitaire dans le Bulletin de santé du végétal (BSV) et le complètent par des conseils dans les notes d’information régionales de l’ITB.

Depuis deux ans, la surveillance a été renforcée sur les pucerons, vecteurs de la jaunisse. En effet, suite à l’interdiction des néonicotinoïdes, les bioagresseurs habituellement contrôlés par ce traitement de semences étaient susceptibles de porter de nouveau préjudice à la culture : ravageurs souterrains, altises, thrips et pucerons.

Ces données d’observation alimentent l’outil Alerte Pucerons qui a été développé afin de visualiser en temps réel les seuils d’intervention pour lutter contre les pucerons.

Un complexe de virus en 2020

Expertise

L’année 2020 se caractérise par la présence de quatre virus, très souvent en co-infection sur la même plante. D’après les premières analyses, le BYV est très largement majoritaire en 2020 avec quasiment 100 % des échantillons prélevés sur plantes symptomatiques qui contiennent ce virus. Les polérovirus restent très présents avec une répartition égale entre le BChV et le BMYV, contrairement à 2019 où le BChV était majoritaire.
Les co-infections sont multiples en 2020 avec près de 90 % des échantillons présentant plusieurs types viraux.
Le BtMV, qui était absent en 2019, touche particulièrement les parcelles au sud de Paris et dans l’Eure. Nous pouvons en conclure que la structuration des virus présents sur le territoire n’est pas stable. Elle dépend de la pression de chaque année, caractérisée à la fois par l’importance des populations de pucerons, mais également par la survie des réservoirs viraux durant l’hiver.

Le Beet mild yellowing virus (BMYV) et le Beet chlorosis virus (BChV) appartiennent au genre des polérovirus et sont génétiquement proches.
Le Beet yellows virus (BYV), responsable des symptômes de la jaunisse grave, est une espèce plus éloignée qui appartient au genre des clostérovirus.
Le virus de la mosaïque (BtMV) est, quant à lui, un potyvirus. Les pertes de rendement sont variables selon les virus. Le plus préjudiciable est le BYV, suivi des deux polérovirus, puis du BtMV. En cas de multi-infection avec plusieurs virus dans la même plante, les pertes peuvent être très élevées.