Anticiper au mieux les apports permet d’éviter les carences dont les effets ne sont pas rattrapables en culture. Pour le phosphore, elles peuvent se caractériser par un rougissement du bord des feuilles ou bien uniquement un retard de développement, dont il peut être plus difficile d’identifier la cause. La fertilisation phospho-potassique est conduite selon les principes de la méthode établie par le Comifer.
Les principes de la fertilisation phospho-potassique
Le conseil pour la fertilisation repose sur l’analyse de sol, évaluant les quantités de phosphore et potassium disponibles pour les plantes. Pour le phosphore, plusieurs méthodes peuvent être employées. La méthode Olsen est actuellement la plus répandue. Dans le cas où l’interprétation est donnée, cela est bien évidemment pris en compte dans le conseil d’apport de fertilisants. Dans le cas où seule l’analyse est donnée, il convient d’être prudent sur la méthode utilisée par le laboratoire pour déterminer la bonne dose à apporter.
Cette analyse de sol doit ensuite être croisée avec un historique de pratiques (date des derniers apports, enfouissement-export des résidus) et les cultures prévues dans l’assolement. Trois classes d’exigence de cultures sont définies dans la méthode du Comifer. Elles permettent de déterminer les valeurs de deux seuils définis dans celle-ci : le seuil de renforcement, en dessous duquel un apport de fertilisant égal à l’exportation de la récolte ne suffit pas à retrouver le rendement potentiel, et le seuil d’impasse, au-dessus duquel l’absence d’apport n’induit pas de pertes de rendement. La betterave, au même titre que la pomme de terre, est considérée comme très exigeante vis-à-vis du phosphore et du potassium. Il est donc conseillé de réaliser les analyses de sol et les apports avant son implantation.
Les articles « Les conseils de l’ITB pour la fumure en potassium » et « Les conseils de l’ITB pour le phosphore », disponibles sur le site internet de l’ITB, donnent des ordres de grandeur d’apports à réaliser selon les informations agronomiques susmentionnées.
Quels types d’apports et à quel moment ?
Pour le phosphore, les engrais avec une très bonne solubilité de type superphosphates sont recommandés. Dans le cas de sols très carencés, avec une teneur inférieure au seuil de renforcement, il est préférable d’apporter le phosphore au printemps. Dans les autres situations, l’apport peut être réalisé à l’automne ou au printemps. La question est souvent posée de l’intérêt de la localisation du phosphore au semis. Il ne s’agit pas ici d’apporter une quantité permettant de répondre aux besoins de la betterave, comme l’indique la méthode du Comifer, mais d’obtenir un « effet starter » avec l’apport d’une faible dose de phosphore. Des réseaux d’essais mis en place par l’ITB au début des années 2000, avec différents engrais, microgranulés ou non, n’ont pas montré d’intérêt particulier sur la betterave.
Pour le potassium, les formes sulfate et chlorure conviennent toutes deux. Pour des apports conséquents, dans des situations avec des teneurs inférieures au seuil de renforcement, les apports sont à réaliser à l’automne pour limiter le risque de glaçage avant semis. Cela est d’autant plus vrai dans les sols sensibles à la battance. En cas d’apports supérieurs à 250kg K20/ha, un apport de magnésium de l’ordre de 30 à 40 kg MgO/ha devra être réalisé pour éviter tout risque de carence magnésienne.
Pour ces deux éléments, il est indispensable de prendre en compte la contribution des fertilisants organiques apportés. À titre d’exemple, l’apport de 3 t/ha de vinasses concentrées couvre les exportations en potassium de la culture dans la majorité des situations.
Le Comifer a récemment publié une nouvelle brochure sur la fertilisation P-K-Mg. À destination d’un public large, elle rappelle les bases scientifiques du raisonnement de la fertilisation P-K-Mg et indique comment elles ont été mises en œuvre dans sa méthode qui, à ce jour, fait référence au niveau national.
Les annexes avec leurs données exhaustives indiquent comment calculer les apports à réaliser. Quelques cas pratiques à visée pédagogique permettent de bien assimiler les principes de la méthode.
Cette brochure est disponible sur le site du Comifer : https://comifer.asso.fr.
La betterave est une culture exigeante vis-à-vis du phosphore et du potassium. Ainsi, il est préconisé de réaliser les analyses de sol et, si besoin, les apports d’engrais avant sa mise en place.
Les apports conséquents de potassium sont à privilégier à l’automne et doivent être accompagnés de magnésie. Ceux de phosphore sont quant à eux à réaliser de préférence au printemps.
La contribution des fertilisants organiques est à prendre en compte dans les apports réalisés.