En Europe, et surtout en France, la production de maïs sera plus faible qu’escompté il y a encore un mois. Les conditions de cultures se sont détériorées tout au long du mois d’août dans l’Hexagone. Le 17 août dernier, elles étaient bonnes et très bonnes à 62 %, comme en 2019, alors qu’elles étaient excellentes à la fin du mois de juillet, mais les fortes températures et l’absence de précipitations ont ensuite handicapé le développement des pieds de maïs.
Dans sa dernière note de conjoncture, publiée le 5 août, le ministère de l’Agriculture anticipait une production de maïs de 14,4 millions de tonnes (Mt), soit 10,8 % de plus que la campagne précédente. Dans quelques jours, le Conseil international des céréales pourrait revoir ces prévisions à la baisse pour l’Europe, et la France en particulier.
Or dans le reste du monde, la campagne de maïs s’annonce prometteuse : 1 171 Mt seraient produites durant la campagne 2020-2021, soit 59 Mt de plus que l’an dernier. Les États-Unis seraient en mesure de récolter 388 Mt de grains (+32 Mt sur un an). Cependant si la crise économique persiste, il se peut qu’une partie de ces tonnages supplémentaires grossisse les stocks de report en fin campagne et pèse au final sur les prix mondiaux. Néanmoins, dans le bassin de la mer Noire, l’Ukraine a l’assurance d’expédier une bonne partie des 33,5 Mt de maïs exportables tout au long de la campagne sur les 39 Mt qu’elle récoltera dans quelques semaines.
La Russie et l’Ukraine en première ligne
Le ministère de l’Agriculture estime la production française de blé tendre à 29,7 Mt, en retrait de 15,9 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Seule 1,3 Mt de blé dur serait récoltée (-27,1 % par rapport à la moyenne 2015-2019). Et la production française d’orges atteindrait 11,3 Mt (-3,5 %).
Pour le blé, « la qualité semble tout de même au rendez-vous avec des bons poids spécifiques proches de 80 kg/hl et de bonnes protéines (taux supérieur à 11,5 %), analyse la Fédération nationale du négoce. Cela nous permettra d’assurer une commercialisation sur le marché intérieur français et de répondre à la demande export des pays tiers. »
Mais la France et l’Union européenne (117 Mt, -13 Mt par rapport à 2017-2018) seront cette année en seconde ligne sur les marchés de l’export, alors que sur la rive sud de la Méditerranée, l’Afrique du Nord deviendrait de nouveau la première région importatrice de blé dans le monde.
Les pays du Maghreb achèteraient 29,5 Mt de blé (27 Mt en 2018-2019) d’ici le mois de juin 2020. L’Égypte importera plus d’1 Mt par mois ! Or depuis les ports de la mer Noire, la Russie et l’Ukraine ambitionnent d’expédier jusqu’à 47 Mt de blé au cours des douze prochains mois.
En fait, la Russie exporte massivement les céréales qu’elle n’est pas en mesure de transformer en aliments du bétail, faute d’élevages suffisants, pour consommer toute cette production.
Chaque année, ses échanges commerciaux agricoles et agroalimentaires sont déficitaires (16 milliards de dollars en 2019), selon l’USDA. Le pays importe des produits laitiers, de la viande de porc et de la bière de Biélorussie, d’Équateur, ou de Chine notamment. Les plans de relance de la production agricole engagés depuis l’embargo instauré en 2014, en représailles des sanctions financières prises par 31 pays envers la Russie pour violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, portent leurs fruits. Le pays pourvoit dorénavant à 80 % de ses besoins alimentaires (+10 points en cinq ans). Toutefois, la Fédération de Russie restera d’abord un pays producteur de blé et d’orges. Cette année, elle récoltera environ 78 Mt de blé, mais ses échanges commerciaux resteront durablement déficitaires. Le rouble a perdu la moitié de sa valeur vis-à-vis du dollar, renchérissant les prix des produits importés et minimisant l’impact économique des exportations. Alors qu’à l’échelle des exploitations, les prix en dollars des céréales exportées sont, une fois convertis en roubles, très rémunérateurs.